Décarbonation des transports

Vous trouverez ci-dessous les propositions des candidats pour la décarbonation des transports. Nous les présentons de manière descriptive, sans juger si elles sont suffisantes ou si elles pourront être mises en œuvre sur le quinquennat.

Dernière mise à jour : 07 avril 2022

 

Les propositions des candidats 

Anne Hidalgo

Pour aider les Français à acquérir des véhicules bas-carbone, Anne Hidalgo propose d’ajouter aux aides existantes la mise en place d’un prêt à taux zéro pour la mobilité durable s’adressant prioritairement aux 50 % des Français les plus modestes et avec les mêmes critères d’éligibilité pour les véhicules que la Prime à la conversion. Elle propose également la création d’un système de leasing social, en partenariat avec les constructeurs et loueurs de voitures, pour rendre accessibles les véhicules électriques à tous les particuliers. La mensualité sera payée en partie par l’automobiliste et en partie par la Caisse des Dépôts. Anne Hidalgo chiffre à 1 Md€ annuel les dépenses publiques pour la mise en place de ces deux mécanismes.

Concernant le déploiement des bornes électriques de recharge, Anne Hidalgo propose d’en déployer un million supplémentaire pendant le quinquennat, via des partenariats entre l’Etat, les collectivités, et d’autres acteurs, dont les sociétés autoroutières.

Du côté des transports collectifs, Anne Hidalgo compte également investir dans le ferroviaire, afin de favoriser le retour des petites lignes, des trains de nuit et du fret ferroviaire. Elle chiffre à 1 Md€ supplémentaire par an les investissements à conduire en lien avec les régions pour « satisfaire les besoins de rénovation et régénération du réseau », sans préciser la répartition de ces investissements entre l’Etat et les régions. Elle ne mentionne pas les enjeux de financement des autres formes de transports collectifs, comme les bus ou tramways. Elle propose par ailleurs d’augmenter le « Fonds national mobilités actives » de 50 M€/an à 500 M€/an, pour investir dans les infrastructures cyclables.  

Au-delà des questions de financement des infrastructures, Anne Hidalgo mise sur la fiscalité pour favoriser le ferroviaire, avec la mise en place d’une nouvelle réduction du taux de TVA à 5,5 % pour les transports en train, d’une écocontribution poids lourds et d’une taxe carbone sur les billets d’avion en cas d’alternative ferroviaire, taxe dont les revenus estimés par son équipe à 200 M€/an seront affectés à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France. Elle propose également d’instaurer « la gratuité des transports du quotidien », pour les moins de 26 ans à partir du 1er juillet, sans condition de ressources.

Yannick Jadot

Pour aider les Français à acquérir des véhicules bas-carbone, Yannick Jadot propose de revoir les dispositifs de prime à la conversion et de bonus écologique, notamment pour qu’ils compensent totalement le surcoût de l’achat d’un véhicule bas-carbone pour les ménages modestes, grâce à une enveloppe d’1 Md€/an. Il propose en parallèle de renforcer le malus poids pour limiter la vente de SUV. Il souhaite également faciliter le retrofit d’un million de véhicules thermiques en véhicules électriques, notamment grâce à un dispositif d’avance et de formation pour les garagistes.  Ces aides iront de pair avec l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs – dont hybrides – dès 2030, contre 2035 actuellement.

Concernant les infrastructures de recharge, Yannick Jadot propose un plan national d’installation de bornes électriques, avec un financement de l’Etat à hauteur d’1,5 Md€/an.

Du côté des transports en commun, il compte investir dans le ferroviaire avec notamment 4 Mds€ supplémentaires par an pour moderniser le réseau et le matériel roulant, sans préciser la répartition de ces investissements entre l’Etat et les collectivités. Il souhaite également ouvrir des petites lignes, lancer 15 nouvelles lignes de trains de nuit et, au contraire, abandonner certains projets de LGV (comme Lyon-Turin ou Bordeaux-Toulouse). Les financements des projets de LGV seront redéployés vers les « trains du quotidien » (TER, Corail, transiliens, RER, tramways…). Il ne mentionne pas les enjeux de financement des autres formes de transports collectifs, mais souhaite abonder le Fonds vélo de 500 M€/an, en particulier pour développer des infrastructures cyclables sécurisées.

Au-delà des questions de financement des infrastructures, Yannick Jadot a d’autres propositions pour favoriser le développement des transports collectifs urbains et des mobilités douces. Il propose la mise en place de « contrats d’axe », pour inclure dans les plans locaux d’urbanisme (PLU) l’obligation d’avoir des transports en commun ou une piste cyclable sécurisée à moins de 500 m de toute nouvelle habitation et la création d’un « score de dépendance automobile » pour les biens immobiliers loués ou vendus, sur le modèle du diagnostic de performance énergétique. II prévoit également de baisser à 5,5 % la TVA sur les transports collectifs, d’augmenter à 20 % celles sur les taxis non électriques et l’aviation, et d’interdire les lignes aériennes lorsqu’une alternative en train de moins de 4 h existe pour les vols intérieurs, et de moins de 6 h pour les lignes européennes.  Enfin, il propose la mise en place d’un “Ticket Liberté Climat” pour que les jeunes aient accès en illimité à tarif subventionné à l’ensemble des trains, transports en commun et vélos et voitures en libre-service. 

Marine Le Pen

Le programme de Marine Le Pen ne contient pas de mesures pour réformer les aides à l’acquisition de véhicules bas-carbone. Elle propose seulement la mise en place d’un prêt pour « couvrir l’installation d’un boitier de conversion à l’éthanol »., Par ailleurs, elle entend « nuancer la substitution des véhicules thermiques par le tout électrique, notamment en autorisant les hybrides et en encourageant l’hydrogène ».

Marine Le Pen n’a pas de propositions pour financer les infrastructures de recharge pour les carburants alternatifs, ni pour financer les infrastructures de transports en commun dans la durée. 

Pour favoriser l’usage des transports en commun, elle propose de les rendre gratuits aux heures creuses pour les 18-25 ans.  

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron chiffre à 5,4 Mds€/an supplémentaires les dépenses publiques pour la décarbonation des transports, sans préciser la répartition entre ses différentes mesures en la matière (à une exception près). Il mise également sur une augmentation des Certificats d’économie d’énergie (CEE) dans ce secteur. 

Pour aider les Français à accéder à des véhicules électriques, Emmanuel Macron propose de maintenir les aides existantes et de mettre en place en complément un système de leasing, ciblé vers les jeunes, les professionnels du socio-médical et le grand public sous conditions de ressources, et en partenariat avec des constructeurs automobiles et des loueurs. Le coût de cette mesure a été estimé à 50M€/an par son équipe. Emmanuel Macron propose également de développer une filière du retrofit électrique et hydrogène, sans préciser les mesures qui seraient mises en place à cette fin.   

Concernant les infrastructures de recharge électriques pour les véhicules, Emmanuel Macron veut atteindre « au moins 500 000 bornes publiques » d’ici la fin du quinquennat. 

Du côté des transports collectifs, Emmanuel Macron compte investir dans le ferroviaire : il entend rénover les petites lignes (avec un objectif de 7000 km d’ici 2030) et « relancer les grands projets ferroviaires ». Il ne mentionne pas les montants d’investissements qui seront engagés, mais précise qu’il s’agira « d’investissements supplémentaires de la SNCF à partir de 2026 », avec un cofinancement des collectivités, et une poursuite de « l’ouverture à la concurrence ».  Emmanuel Macron n’a pas de proposition pour les transports collectifs urbains. Il précise seulement qu’il « [continuera] de soutenir le développement du Grand Paris ». 

Jean-Luc Mélenchon

Pour décarboner les transports, Jean-Luc Mélenchon précise qu’il préfère miser sur le développement des transports collectifs électriques et des modes de déplacement actifs, plutôt que sur « le remplacement du parc de voitures individuelles par l’équivalent électrique ». Toutefois, pour aider les Français à acquérir des véhicules bas-carbone, Jean-Luc Mélenchon propose d’augmenter et de mieux cibler les aides actuelles à l’acquisition de véhicules bas-carbone, tout en augmentant également le malus poids « sans défavoriser les gros véhicules familiaux ».  Il entend également développer des « systèmes de mise à disposition de véhicules à faibles émissions», ciblés vers les ménages modestes. Il souhaite en parallèle mettre fin aux Zones à faibles émissions (ZFE) « dans leur conception actuelle », dont les critères d’après lui « induisent des inégalités sociales et une trop grande tolérance à l’égard de certains véhicules, notamment les SUV ». Il propose aussi de soutenir la recherche de solutions pour faire fonctionner le parc existant de moteurs thermiques avec des « carburants à faible impact écologique (gaz de synthèse, huiles alimentaires usagées, etc.)» .

Au sujet des infrastructures de recharge, Jean-Luc Mélenchon propose de mettre en place un « service public des bornes de recharge électrique des véhicules sur la voie publique ». Ces investissements seraient financés sur une enveloppe de 2 Mds€/an pour « repenser la mobilité individuelle » qui recouvre également le développement des usages partagés de la voiture et des mobilités douces.

Concernant les infrastructures de transport en commun, il met l’accent sur le ferroviaire. Il propose ainsi de rouvrir des « lignes ferroviaires du quotidien », et au contraire de réévaluer certains projets (avec par exemple un moratoire sur le projet Lyon-Turin). Par ailleurs, il souhaite investir pour augmenter le nombre de trains ou encore garantir des tarifs accessibles. Le coût est estimé par ses équipes à 6,1 Mds€/an, et la répartition de ces investissements entre l’Etat et les collectivités n’a pas été précisée. Pour mener ces investissements, Jean-Luc Mélenchon entend renationaliser la SNCF et supprimer l’Agence de financement des infrastructures de transport de France, pour donner plus de poids au Parlement sur le financement des infrastructures. Sur les transports collectifs urbains, Jean-Luc Mélenchon propose un « plan national de développement massif des transports collectifs dans les grandes agglomérations » co-financé avec les collectivités. Il prévoit par ailleurs une enveloppe annuelle de 1 Md€ pour développer les transports publics à la demande dans les zones peu denses.

Au-delà des questions de financement des infrastructures, Jean-Luc Mélenchon a d’autres propositions pour favoriser le développement des transports collectifs urbains et des mobilités douces. Il compte par exemple instaurer la gratuité des transports en commun urbains et des transports régionaux pour les jeunes et les ménages modestes. Il prévoit également de baisser à 5,5 % la TVA sur les transports collectifs (contre 10 % actuellement), et de supprimer les lignes aériennes sans correspondances internationales lorsque le trajet en train dure moins de 4 h.

Valérie Pécresse

Pour aider les ménages à acquérir des véhicules bas-carbone, Valérie Pécresse compte maintenir les niveaux actuels de la prime à la conversion et du bonus écologique « que le Gouvernement actuel a décidé de diminuer prématurément ». Pour faciliter l’accès à l’emprunt des ménages modestes et des jeunes, elle souhaite également mettre en place pour eux un prêt à taux zéro pour l’achat de « véhicules propres ». Elle ne précise pas les différences avec le prêt à taux zéro prévu par la loi Climat et Résilience. Elle propose également de « développer la filière du retrofit », mais sans préciser les modalitéset de « [demander] aux loueurs professionnels d’électrifier leur flotte d’ici à 2030. »

Concernant les infrastructures de recharge pour les véhicules bas-carbone, Valérie Pécresse propose un « plan de couverture du territoire piloté par les régions » pour assurer un « déploiement massif de 200 000 bornes électriques sur tout le territoire avec des bornes puissantes sur les grands axes routiers». Elle veut également développer la production et les stations de bioGNV pour les acteurs du fret et de la logistique. Elle ne précise pas le partage de l’effort entre les différents acteurs publics et les acteurs privés mais indique que les . ressources de son nouveau livret Vert (120 Mds€) pourront être redirigées vers les infrastructures et la transition écologique.

Du côté des transports collectifs, la candidate appelle à une « rénovation » du réseau ferroviaire. Elle souhaite y consacrer 3,5 Mds€/an, sans préciser s’il s’agirait de dépenses publiques additionnelles par rapport à l’existant, ni la répartition attendue de l’effort entre l’Etat et les collectivités. Elle n’a pas dans son programme de proposition pour les transports collectifs urbains.

Au-delà des questions de financement des infrastructures de transport, elle propose d’élargir la prime à l’achat d’un vélo à assistance électrique à tous les Français et de l’augmenter à 500 euros. Elle souhaite également lancer un appel à projet dédié aux territoires ruraux, en lien étroit avec les régions, pour encourager « covoiturage, autopartage, lignes de car express et transports à la demande ».

Éric Zemmour

Le programme d’Éric Zemmour ne contient pas de mesures pour réformer les aides à l’acquisition de véhicules bas-carbone.

Sur le sujet des infrastructures de recharge pour les carburants alternatifs, il propose de «favoriser le déploiement de bornes de recharge de véhicules électriques sur tout le territoire», mais sans préciser le rôle de l’Etat dans ces investissements.

Du côté des transports collectifs, Eric Zemmour annonce vouloir « désenclaver les bourgs par une offre locale de transports en commun » et « développer l’usage de l’électricité et de l’hydrogène dans les transports en commun », sans préciser comment seraient financées les infrastructures. Par ailleurs, il souhaite « refaire des lignes de trains de proximité la priorité budgétaire de la SNCF ».

Ses autres propositions relatives au transport visent à réduire les contraintes qui pèsent sur l’automobile : suppression des Zones à faibles émissions (ZFE), restauration de la limite de vitesse à 90 km/h sur les routes nationales et départementales. Il n’évoque pas la décarbonation des véhicules et la fin des ventes de véhicules thermique. Pour protéger le pouvoir d’achat des automobilistes il souhaite que les entreprises remboursent 50 % des frais de carburant de leurs salariés pour leurs trajets domicile-travail.

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