Présidentielle 2022 : des consensus pour le nouveau quinquennat
Depuis un an, I4CE a rencontré les équipes des principaux candidats à l’élection présidentielle pour les inciter à préparer leur programme pour le climat afin d’atteindre les objectifs français. Nous leurs avons notamment demandé de préparer leur « budget pour le climat » : l’État et plus largement les pouvoirs publics jouent aujourd’hui un rôle déterminant dans les investissements nécessaires pour le climat, et ils doivent anticiper la hausse considérable de ces investissements pour que la France atteigne son objectif 2030. D’autant plus maintenant que l’objectif européen a été relevé. Préparer son budget pour le climat est une marque de crédibilité et de transparence, un test de cohérence.
Alors ? Sont-ils prêts ? Le décryptage des programmes conduit par l’équipe d’I4CE montre tout d’abord que le climat, s’il est absent du débat présidentiel, n’est pas absent des programmes de la plupart des candidats. C’est une bonne nouvelle. Tous cependant n’ont pas le même niveau de préparation, leurs propositions restent parfois vagues, elles relèvent plus de l’intention et leur impact financier n’est pas anticipé. On lit encore trop de fois qu’il faut investir massivement ici ou là, sans dire qui paiera ni combien.
Le nouveau quinquennat s’ouvre avec une double opportunité pour élaborer une véritable stratégie de financement de la transition
Le prochain Président ou la prochaine Présidente devra pourtant rapidement être prêt, dès son entrée en fonction. Le nouveau quinquennat s’ouvrira avec une double opportunité pour élaborer une véritable stratégie de financement de la transition : la loi de programmation des finances publiques et la loi de programmation énergie climat. Un agenda qui permettra – comme le souhaitent d’ailleurs la plupart des candidats – de dessiner plus précisément les chemins de la transition secteur par secteur, de programmer dans la durée les financements publics pour le climat et ainsi de donner plus de visibilité aux acteurs privés, d’être transparent et de débattre collectivement du volume du budget de la France pour le climat, de son efficacité et de ses orientations stratégiques.
Ce débat est d’autant plus nécessaire que le décryptage d’I4CE montre – c’était attendu – des visions très contrastées de ce que doit contenir ce budget. Augmentation forte des financements publics versus mobilisation de l’épargne privée ; renforcement ou stabilisation du cadre réglementaire et fiscal ; endettement public contre endettement privé ; effectivité ou efficience de la dépense publique… Autant de points de discussion, et de visions différentes.
Le prochain locataire de l’Elysée pourra s’appuyer sur les consensus entre candidats, qui sont souvent l’héritage de la crise des gilets jaunes
Dans les futures lois de programmation des finances publiques et de programmation énergie climat, le nouveau locataire de l’Elysée ne devra pas oublier certains défis que trop de candidats ont tendance à omettre dans leurs programmes, à commencer par le financement du nouveau mix énergétique, l’accompagnement des éleveurs ou la transformation de l’industrie du bois. Il ou elle pourra par ailleurs s’appuyer sur les consensus entre Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Pécresse.
Il y a consensus d’abord sur la nécessité d’adapter la France aux impacts du changement climatique ou d’associer les collectivités locales à la transition même si, dans les deux cas, les propositions demeurent globalement encore vagues. Il y a consensus aussi, et c’est plus surprenant, sur la suppression progressive des subventions aux énergies fossiles, la transparence sur l’utilisation des recettes de la taxe carbone voire de la fiscalité écologique, ou encore l’accompagnement renforcé des ménages modestes.
On peut analyser ces derniers consensus, tout comme celui sur le gel de la taxe carbone, comme l’héritage de la crise des gilets jaunes : l’enjeu social et les inégalités sont désormais au cœur des débats sur le climat. Ne l’oublions pas. Le prochain locataire de l’Elysée aura la lourde tâche d’organiser une transition qui soit « juste ». C’est-à-dire finalement de construire un pacte social autour des enjeux climatiques et initier sa mise en œuvre. Les divergences entre les différents candidats sur le « budget pour le climat » seront autant de points de discussion à avoir, et non à éluder ; et les consensus autant de points d’ancrage pour un tel pacte social.
Voir le décryptage climat de la présidentielle