Pourra-t-on faire rouler les trains à la prochaine canicule ?
Les perturbations dans les transports lors des vagues de chaleur interrogent : la situation s’aggravera-t-elle si ces épisodes se multiplient ? Pour l’éviter, il faut investir dans un équipement public certifié «adapté au changement climatique».
Alerte canicule, perturbation possible sur votre train. Prévoyez de l’eau en cas de besoin.» Pour certains usagers, ce SMS de la SNCF n’aura été qu’un avertissement sans conséquence. D’autres, utilisateurs, comme ceux du Thalys Paris-Amsterdam mercredi dernier, du métro (la RATP ayant décidé de ralentissements préventifs au plus fort de la canicule), de bus ou même de téléphériques urbains à Toulouse ou à Brest au mois de juin ont ressenti beaucoup plus concrètement la sensibilité des systèmes de transport aux fortes chaleurs au cours des dernières semaines. Trajets suffocants, trafic perturbé, circulations annulées ont été le lot de très nombreux voyageurs. Au-delà de l’inconfort de chacun, ces événements ont aussi des conséquences importantes sur le fonctionnement de l’économie.
Prioriser les investissements
Pendant longtemps, les conditions climatiques n’étaient pas vraiment une question quand on parlait de transports : les lignes à grande vitesse, les rames de TER ou les voies de tramway pouvaient être conçues pour un climat donné, quel qu’il soit, et on oubliait le sujet. Quelques crises pouvaient survenir, mais elles étaient exceptionnelles et on passait vite à autre chose. Dans un contexte de changement climatique, c’est-à-dire dans un monde dans lequel l’exceptionnel d’hier devient la norme, l’expérience passée devient obsolète, et la variabilité des conditions plus grande, les choses sont beaucoup moins simples. Alors, que faire ?
Il faut d’abord prendre conscience que des transports «adaptés» sont avant tout des transports en bon état. Rattraper les retards de maintenance devient encore plus critique alors que les infrastructures existantes sont plus régulièrement mises à l’épreuve des éléments. Cela nécessite d’abord de bien connaître les vulnérabilités et probablement de prioriser les investissements, quitte à renoncer à certains nouveaux développements pour se concentrer sur la modernisation de l’existant. Certains acteurs, comme la région Sud, ont initié des démarches pour établir leur stratégie en la matière mais le chemin à parcourir reste long.
Doter les gestionnaires d’infrastructures et leurs autorités régulatrices des moyens de connaître leurs vulnérabilités et de piloter l’adaptation, comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni, ne coûtera pas des milliards : nous estimons qu’ils auront besoin de l’ordre de 15 millions d’euros par an.
Faire des choix fonctionnels
Des milliards, par contre, c’est ce que l’on investit déjà dans les infrastructures de transport, sans savoir si elles seront adaptées : 13 milliards par an aujourd’hui et probablement plus à l’avenir (le Conseil d’orientation des infrastructures estime le besoin à 22 milliards d’euros par an)…