Transition de l’élevage : Planifier plutôt que subir
Le Salon International de l’Agriculture s’ouvre demain à Paris après une année 2022 qui aura particulièrement ébranlé les filières de l’élevage en France. Sécheresse, augmentation du prix des intrants, crise sanitaire, le secteur est en difficulté et on comprend aisément que la gestion de ces crises soit au cœur des préoccupations. Mais cela ne doit pas empêcher de parler de l’avenir de l’élevage. Or, on voit bien que ce n’est pas si simple. Entre ceux qui aspirent à une redynamisation du secteur et ceux qui, moins vocaux et assurément plus cyniques, se disent que ces crises et la réduction des cheptels qui en résulte auront le mérite de faciliter l’atteindre les objectifs climatiques, il reste peu de place pour discuter des vrais problèmes.
La réalité est que la baisse du cheptel est déjà en cours et devra se poursuivre, mais elle est subie plutôt que planifiée, avec des conséquences sociales pour les éleveurs et avec un impact environnemental qui est finalement très éloigné de ceux que certains espéreraient.
Des conséquences sociales pour les éleveurs car tant qu’on n’assume pas la baisse du cheptel, on se prive de la possibilité de l’accompagner au mieux. De telles baisses d’activités ne sont pas sans conséquences avec, par exemple, des difficultés à vendre l’exploitation à la valeur espérée, impactant fortement la retraite des éleveurs. Ces actifs qui perdent de la valeur lorsque les activités d’un secteur diminuent sont appelés actifs échoués et ont été analysés dans l’étude que nous publions cette semaine. Cela fait partie des sujets dont il faut se préoccuper si on ne veut pas que la transition se fasse au détriment des éleveurs.
Un impact environnemental finalement pas si bon car la consommation de viande ne suit pas. On va vers du plus et moins bon là où il faudrait du moins et mieux comme le montre la seconde étude que nous rendons publique également cette semaine. La conséquence : une augmentation des importations et une faible valorisation des filières durables. C’est difficilement entendable par les éleveurs français, et on peut le comprendre. Or, toucher au choix des consommateurs n’est pas simple et l’évolution des comportements ne se fera pas toute seule. Instaurer les menus végétariens dans les cantines, proposer des campagnes de promotion des légumineuses ou encore imposer un affichage environnemental sur les produits, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant pour inverser la tendance haussière de la consommation de viande.
La planification écologique, la future Loi d’orientation agricole ou encore la révision de la Stratégie national bas carbone sont autant d’occasions de parler de l’avenir de l’élevage et de plancher activement sur les moyens à mettre sur la table pour que les éleveurs ne soient pas les grands perdants.