Sommet mondial pour l’action climatique : quelles avancées sur la finance climat ?
Le Sommet mondial pour l’action climatique, organisé par l’état de Californie du 12 au 14 Septembre, a rassemblé des « acteurs non-étatiques » du monde entier : états, régions et collectivités, villes, entreprises, institutions financières et représentants de la société civile. Avec pour devise « Accroître l’ambition climatique » (Taking ambition to the next level), l’objectif du Sommet était clair : présenter l’engagement et les actions des acteurs non-étatiques afin de convaincre les gouvernements d’accroître l’ambition de leurs politiques nationales pour parvenir aux objectifs fixés par l‘Accord de Paris.
Le Sommet et les autres événements organisés en parallèle ont mis en lumière les actions entreprises sur une grande variété de sujets, mais la finance, pilier incontournable pour l’atteinte des objectifs climatiques, a recueilli une attention toute particulière.
Un bilan de l’action climatique du secteur financier et du soutien apporté à l’action locale
D’une part, conformément aux objectifs du bilan de l’action climatique globale nommé « Dialogue de Talaona », les institutions financières ont présenté leur propre contribution à l’action climatique et plus spécifiquement à l’action climatique locale. Les institutions financières membres de l’initiative Climate Action in Financial Institutions ont par exemple publié une Déclaration commune qui présente 40 engagements, programmes et projets concrets, visant à faciliter l’accès au financement des collectivités pour l’action climatique. Bien que ne représentant qu’un échantillon des activités conduites par la communauté financière dans ce domaine, la déclaration présente des exemples concrets, dont les autres institutions financières peuvent s’inspirer pour continuer de faire avancer cet agenda.
De nouveaux engagements qui peuvent faire la différence
D’autre part, de nombreuses institutions et initiatives ont saisi l’opportunité de ce sommet pour lancer de nouveaux programmes et faire des annonces, témoignant d’efforts continus pour plus d’ambition. Des appels à l’action comme ceux de l’Investor Agenda, du 1% Challenge et de la Green Bond Pledge apparaissent comment des étapes stratégiques pour introduire l’action climatique dans le secteur financier, soulignant notamment l’impact des risques climatiques physiques comme une raison « matérielle » d’agir. L’importance des risques liés au changement climatique a également été rappelée par la sortie d’un nouveau rapport de PRI sur les « ripostes politiques inévitables » que les acteurs économiques et financiers doivent prendre en compte dès à présent face au changement climatique.
Le lancement de nouveaux programmes comme le partenariat Global Green Bond ont démontré qu’il était possible d’utiliser des outils existants pour accroître les investissements en faveur de la transition. Ce partenariat vise à faciliter l’accès des acteurs locaux au marché des obligations vertes grâce à une assistance technique ciblée, un renforcement des capacités des émetteurs ou une assistance pour la réduction des risques et l’émission des obligations. Ce programme répond ainsi à l’une des faiblesses du marché des obligations vertes identifiées par I4CE et d’autres : la labélisation d’investissements verts qui auraient été effectués, avec ou sans ces obligations vertes. En permettant aux acteurs locaux d’accéder aux obligations vertes dans de meilleures conditions et de manière plus efficace, le programme a le potentiel de dépasser la « labélisation verte » et de générer des investissements nouveaux et additionnels pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.
Des engagements suffisants pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris ?
Si ce Sommet peut être reconnu comme un succès, dans la mesure où il a réussi à témoigner de l’engagement des acteurs non-étatiques, il reste à savoir si la dynamique impulsée sera suffisante pour inciter les gouvernements à agir. D’ici à la COP24, deux événements seront essentiels pour témoigner des récents progrès et des efforts encore nécessaires pour réellement rendre les flux financiers compatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris : la seconde édition du One Planet Summit qui se tiendra le 26 Septembre prochain à New York ; et la UNEP FI Global Roundtable et le Climate Finance Day organisés conjointement fin novembre à Paris.
Processus lancé à la COP23 visant à effectuer un premier bilan de la contribution des politiques climatiques nationales dans la perspective de la mise en œuvre des objectifs de long terme de l’Accord de Paris. Pour plus d’information : https://www.i4ce.org/wp-core/wp-content/uploads/2017/12/1207-i4ce-PC51-1603.pdf