Sommet de l’élevage : l’éléphant dans la pièce
Le Sommet de l’élevage s’est tenu cette semaine sur fond d’inquiétudes des professionnels. Le secteur de l’élevage, déjà en difficulté depuis de nombreuses années, a été frappé de plein fouet par la sécheresse de cet été qui pousse davantage à la hausse le coût de l’alimentation animale et à la décapitalisation. Il est frappé par les conséquences du changement climatique mais aussi par la nécessité de contribuer à la baisse des émissions de gaz à effet de serre, lui qui génère de l’ordre de 15% des émissions françaises. Dans toutes ces discussions, il y a un éléphant dans la pièce : l’avenir de la taille du cheptel français et de notre consommation de viande.
C’est un sujet hautement inflammable, propice aux caricatures : les viandards inconscients d’un côté, de l’autre les bobos végan déconnectés de la réalité. C’est un sujet qui crispe le monde de l’élevage, et on peut le comprendre. En l’état des conditions de marché, produire moins c’est être moins compétitif, perdre des parts de marché et importer plus. Un sujet tellement épidermique qu’on préfèrerait ne pas avoir à en parler.
Et pourtant, il le faut. Car la production de viande baisse déjà, avec son lot de souffrances sociales. Car la consommation, elle, ne baisse pas, et la France importe de plus en plus. Car le bilan environnemental de tout cela n’est pas clair et certainement pas satisfaisant. Ne pas en parler et laisser-faire serait délétère. Ce n’est pas une option. Les discussions sur l’agriculture et l’alimentation dans le cadre de la planification écologique, la future Loi d’orientation agricole ou encore la révision de la Stratégie national bas carbone seront dans les prochains mois autant d’occasions de discuter, avec tous les acteurs de la filière, de l’avenir de l’élevage. Et de faire sortir l’éléphant de la pièce.