Réforme de la Banque mondiale : bientôt un nouveau pilote à bord
Après la démission soudaine mi-février de David Malpass, le président de la Banque mondiale choisi par Donald Trump, Washington a de nouveau surpris le monde jeudi dernier en proposant de nommer Ajay Banga, longtemps PDG de Mastercard, comme son successeur. Non seulement l’annonce a été très rapide, mais le profil controversé du candidat a également suscité une certaine perplexité. Son expérience limitée tant dans les projets d’aide publique au développement que dans la contribution à la lutte contre le changement climatique a alimenté une grande partie du scepticisme. Sa connaissance du secteur privé dans les pays du Nord et du Sud a cependant su rassurer.
Avec un CV comme celui de Banga, mobiliser davantage de financements privés pour compléter les financements publics (ce qui est un objectif majeur de la réforme en cours de la Banque mondiale) devrait être un jeu d’enfant. Mais cela ne résoudra qu’une partie du problème : les ressources publiques sont rares et ne peuvent pas toujours être remplacées par des financements privés. Si les conditions appropriées sont en place, éoliennes et centrales solaires devraient toutes trouver des sponsors privés. Mais quels que soient les efforts déployés, il est peu probable que le secteur privé finance la profonde réforme réglementaire et institutionnelle du secteur de l’énergie qui est nécessaire dans de nombreux pays pour guider la transition.
Qu’est-ce que cela implique pour la réforme de la Banque mondiale et plus généralement du financement du développement ? Bien sûr, des efforts importants doivent être consacrés à combler les besoins de financement estimés à 1 000 milliards de dollars par an pour la transition des pays en développement autres que la Chine. Mais il sera indispensable d’accorder autant d’attention à la refonte du mode de fonctionnement des banques publiques de développement afin que l’impact de chaque euro dépensé soit maximisé. Cette réforme doit donc reconsidérer tous les types d’activités contribuant à répondre aux besoins d’investissement pour la transition des pays du Sud. Dans leur dernier rapport, Alice Pauthier et Aki Kachi (NewClimate Institute) présentent un exemple de la manière dont les institutions financières publiques internationales peuvent s’engager dans cette voie et passer progressivement d’une approche projet à une approche acteurs et une approche système, et aligner les systèmes financiers des pays en développement avec les objectifs climatiques mondiaux.