Quels coûts de l’adaptation ? Anticiper les effets d’un réchauffement de +4°C
Combien va coûter l’adaptation d’une France à +4°C ? La réponse à cette question émergente est essentielle pour piloter l’action publique et comme le soulignait la Cour des Comptes dans son rapport public annuel en mars « pour mesurer, l’impact qu’aura globalement l’adaptation au changement climatique sur les finances publiques ». Pourtant les magistrats soulignent aussi que l’« évaluation précise des coûts actuels et futurs de l’adaptation, est encore trop souvent lacunaire, voire inexistante ». Ce constat est particulièrement préoccupant à quelques semaines de la présentation du prochain Plan National d’Adaptation (PNACC3).
Au cours des douze derniers mois, nous avons pu réunir des premiers éléments de chiffrage de ces coûts pour trois secteurs importants : le bâtiment, les infrastructures de transport terrestres et les productions agricoles végétale. Cette analyse permet de voir émerger de premiers ordres de grandeurs des montants en jeu pour l’ensemble des acteurs de l’économie, à découvrir dans notre étude.
Attention cependant à ne pas aller trop vite dans l’interprétation de ces montants en considérant qu’ils ne feraient que rehausser le « mur d’investissements » de la transition énergétique. On n’en est pas là. Des travaux sont encore nécessaires pour cibler et séquencer au mieux les investissements là où les principales vulnérabilités seront localisées. Et surtout, le débat ne fait que s’ouvrir sur la manière dont on choisira collectivement de se préparer. Chercher à rendre une route insubmersible peut par exemple nécessiter plusieurs millions d’euros de travaux alors qu’organiser des fermetures temporaires de la circulation lors d’épisodes de crue demande d’accepter un moindre niveau de service, mais est aussi moins couteux. Déterminer les coûts de l’adaptation c’est donc d’abord se demander : quel niveau de service souhaite-t-on à tout prix conserver? Qu’est-on prêt à transformer? À quoi est-on prêt à renoncer ?