Vers une recalibration de l’EU ETS :

18 décembre 2015 - Tendances Carbone

Par Matthieu Jalard et Emilie Alberola

A la suite de la validation des objectifs énergie-climat de 2030 par le Conseil de l’UE en octobre 2014, la proposition de révision de la directive de l’EU ETS divulguée en juillet et l’adoption définitive de la réserve de stabilité du marché (MSR) en septembre 2015, les grandes lignes d’un EU ETS recalibré émergent pour la période 2020 -2030. Alors que le débat sur la révision précise de la Ddrective s’ouvre en 2016, la question se pose quant à la capacité de cet EU ETS « peau neuve » à fournir un signal prix suffisamment clair et prédictible, qui puisse stimuler les investissements bas carbone et l’innovation, au-delà d’un simple impact sur les décisions opérationnelles de court terme.

A partir de notre analyse détaillée, trois principales leçons émergent de la mise œuvre du Paquet énergie-climat 2020 entre 2008 et 2014, et sont à considérer pour la préparation de la phase IV de l’EU ETS.

  • L’objectif de réduction des émissions assigné au périmètre de l’EU ETS a déjà été atteint en 2014, mais le signal prix carbone semble avoir joué un rôle marginal.
  • Dans ce contexte, la rigidité de l’offre dans l’EU ETS a donné lieu à un important surplus atteignant 2,1 milliards de quotas en 2014.
  • Associé à un manque de confiance envers l’EU ETS de la part des acteurs, le surplus de quotas a conduit à une chute des prix du CO2.

À l’avenir, une decarbonisation efficace des secteurs couverts par l’EU ETS nécessite des niveaux de prix du CO2 reflétant les coûts des technologies bas-carbone sur le long terme. De plus, étant donné les incertitudes et les obstacles pour mobiliser tout le potentiel de réduction des émissions, des mécanismes complémentaires demeureront clés pour stimuler les investissements à faible intensité de carbone. Ces instruments complémentaires devront être toutefois coordonnés avec l’EU ETS.

L’introduction de la MSR permettra d’absorber le surplus dans une large mesure, et de renforcer la resilience du mécansime aux chocs exogènes découlant des conditions éconmiques et des politiques complémentaires. Cependant, sans une gouvernance appropriée de la MSR, et plus largement de l’EU ETS, les incertitudes concernant le développement à long terme du prix du carbone resteront trop élevées pour stimuler les investissements nécessaires. Des mécanismes de support seront d’autant plus nécessaires pour appuyer les investissements bas-carbone, et s’ils émergent de manière fragmentée comme c’est le cas pour le moment, le coût de la décarbonisation pourrait ainsi augmenter fortement pour les citoyens européens.

Exploring the EU ETS beyond 2020: a first assessment of the EU Commission’s proposal for Phase IV of the EU ETS (2021-2030), November 2015

Vers une recalibration de l’EU ETS : Télécharger
Pour aller plus loin
  • 13/06/2024 Billet d'analyse
    Après Bonn et vers la COP 29 : la bataille du financement et le rôle des plans de financement pour la transition

    Des négociations climatiques tendues viennent de s’achever à Bonn avec des progrès limités sur le financement et les engagements climatiques révisés dans le cadre de l’Accord de Paris. Cela contraste avec les ambitions exprimées lors de la cérémonie d’ouverture de la soixantième session des organes subsidiaires (SB 60) de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Simon Stiell – Secrétaire exécutif – a souligné la nécessité de « faire de sérieux progrès en matière de financement, le grand facilitateur de l’action climatique » et de viser des contributions déterminées au niveau national de troisième génération (CDN 3.0) plus audacieuses, plus larges et plus inclusives qui « peuvent servir de plans directeurs pour propulser les économies et les sociétés vers l’avant et favoriser une plus grande résilience» .  

  • 17/05/2024
    Revenus carbone : leur rôle dans le financement de la transition climatique

    Le mois dernier, le secrétaire de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Simon Stiell, a souligné l’importance de cette année et de l’année prochaine pour l’Accord de Paris et a appelé à « un bond en avant dans le financement climatique » avant les Réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. En effet, les émissions devant atteindre leur maximum avant 2025, notre fenêtre d’opportunité pour maintenir l’augmentation de la température à +1,5°C se referme rapidement. Il est urgent d’accroître et d’améliorer les financements pour la transition. Les politiques de tarification du carbone et leurs recettes font partie des outils disponibles qui peuvent contribuer à combler le déficit de financement de la lutte contre le changement climatique.

  • 15/05/2024
    Maximiser les avantages de la tarification du carbone par l’utilisation des revenus carbone

    Les politiques de tarification du carbone et leurs revenus font partie des outils disponibles qui peuvent aider à combler le déficit de financement climatique. Avec des recettes provenant des taxes sur le carbone et des systèmes d’échange de quotas d’émission (ETS) qui ont triplé depuis l’Accord de Paris, et une tendance à la hausse qui pourrait se poursuivre à moyen terme, « comment utiliser les recettes du carbone » est devenu une question cruciale. Ce rapport, préparé dans le cadre du projet European Union Climate Dialogues (EUCDs) financé par l’Union européenne (UE), vise à informer les décideurs politiques et les praticiens sur les leçons apprises et les voies à suivre concernant l’utilisation des revenus du carbone, avec une approche globale basée sur un examen des expériences internationales.  

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer