Pas d’adaptation sans exigences opérationnelles ni moyens humains
Canicules de plus en plus fréquentes, sécheresses longues, érosion du littoral, risque inondation qui évolue… À quel point tous ces impacts du changement climatique seront problématiques pour l’économie et la société françaises va largement dépendre de ce que l’on aura anticipé. En s’organisant bien, on peut faire en sorte de prendre les bonnes décisions pour une gestion collective des risques, des aménagements et pour des choix économiques mieux adaptés à des conditions climatiques qui évoluent. Mais que l’on choisisse de réduire l’exposition et la vulnérabilité des populations, des équipements et des activités en amont ou d’accepter une part accrue de risque, ce sont des choix qui se préparent.
Aujourd’hui nous ne sommes pas prêts. Bien sûr, il existe une stratégie nationale d’adaptation au changement climatique et un Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC2). Cependant disposer de plans ne suffit pas à garantir l’effectivité et encore moins l’efficacité d’une politique d’adaptation aux changements climatiques.
Ce que souligne ce Point Climat est, qu’aussi évident que cela paraisse, si l’on veut être à la hauteur de ce défi il faut aussi se donner les moyens de rendre ces documents opérants et de mettre en œuvre cette politique. Cela implique 2 prérequis :
Le premier prérequis est d’exiger des organisations en mesure de mettre en œuvre l’adaptation qu’elles rendent des comptes sur la manière dont elles intègrent le sujet dans chacun de leurs projets et chacune de leurs décisions de long terme. Cela paraît notamment indispensable dès lors que de l’argent public est mobilisé :
- Les différents services de l’État doivent pouvoir justifier de la manière dont chaque politique publique concernée contribue à réduire la vulnérabilité du pays. Ces politiques sont clairement identifiées dans le PNACC2, il s’agit de politiques environnementales, mais également agricoles, économiques, internationales ou encore de cohésion des territoires autour de sujet comme la politique de la ville. L’analyse de l’évaluation environnementale du budget de l’Etat, comme la lecture des plans d’action des différents ministères publiés en réponse aux lettres de cadrage adressées par le Premier Ministre révèlent clairement que ce n’est pas encore suffisamment le cas.
- Les maitres d’ouvrages publics ou les gestionnaires d’infrastructures, par exemple de transport, doivent également être en mesure de démontrer comment ils intègrent les évolutions du climat à leurs investissements. Il s’agit par exemple d’aller vérifier comment le confort d’été est effectivement pris en compte dans chaque nouveau collège pour garantir que les prochaines générations de collégiens pourront continuer à aller en cours aux mois de mai et juin en tout sécurité.
Le second prérequis est de mobiliser les moyens, notamment humains, nécessaires au niveau national comme au niveau territorial, pour animer et suivre l’adaptation. L’adaptation c’est avant tout de l’intelligence mise dans les démarches, pour tenir compte des réalités locales, se parler, se coordonner, être capables de prendre en compte de ce que nous disent les scientifiques quand sont conçues les politiques publiques ou les projets d’aménagement. Cette intelligence, qui prend le plus souvent la forme de ressources dédiées à l’animation, d’études et d’ingénierie a un coût qui doit pouvoir être porté. Pour cela, ce Point Climat souligne ainsi qu’il est nécessaire de :
- Renforcer les moyens humains dont disposent les services et opérateurs de l’État concernés par des enjeux d’adaptation pour porter ce sujet ;
- Donner de la visibilité sur les ressources dont les porteurs de dynamiques territoriales d’adaptation vont pouvoir disposer pour fonctionner dans la durée ;
- Garantir que l’offre d’ingénierie aux territoires intègre bien l’adaptation ;
- Accompagner les exigences formulées aux gestionnaires d’infrastructures et opérateurs publics d’enveloppes dédiées ou de facilités de financement pour qu’ils conduisent les analyses nécessaires et mettent en place un pilotage de l’adaptation.
Une fois ces deux prérequis assurés, on pourra commencer à mettre sur la table les différentes options d’adaptation, à comparer leurs coûts et à discuter, collectivement, du niveau de risque que l’on est prêt à accepter et des réponses les plus souhaitables. On pourra alors commencer à parler sérieusement des besoins d’investissement associés.
Vivian DEPOUES d’I4CE vous explique en deux minutes ce qu’est l’adaptation au changement climatique et les prérequis à mettre en place pour s’adapter :