Plans de financement : Comment les pays envisagent de financer leur transition climatique
Rapport uniquement en anglais
L’urgence de l’action climatique est chaque jour plus évidente, mais les financements disponibles sont encore très insuffisants pour y faire face. Le premier bilan mondial a mis en évidence un écart croissant entre les besoins des pays en développement et le soutien qu’ils reçoivent, tandis que les économies avancées peinent elles aussi à financer leurs propres ambitions climatiques.
Les pays doivent se doter de plans de financement détaillés, pilotés au niveau national, pour mieux coordonner et mieux attirer les maigres ressources internationales disponibles. Ces plans sont essentiels à une transition efficace qui aligne les efforts publics et privés, finance les priorités nationales, évite les actifs échoués et intègre les considérations climatiques dans des stratégies de développement plus complètes. Ils se construisent autour de quatre questions clés : Combien dépenser, où et quand ? Qui doit investir et qui doit financer ces investissements ? Quels sont les actions nécessaires pour que ces transactions aient lieu ? Enfin, quels sont les impacts macroéconomiques de la transition ? Ces questions ont évidemment une dimension technique, mais elles font aussi appel à un dialogue éminemment politique et leurs réponses ne peuvent être que le fruit d’un consensus national.
Cette étude passe en revue les pratiques existantes dans 10 pays couvrant des réalités géographique et économiques très différentes pour identifier des bonnes pratiques et domaines d’inspiration et d’amélioration. Elle utilise 45 indicateurs de progrès, structurés autour des questions ci-dessus, pour comprendre où en sont les pays aujourd’hui dans le processus d’élaboration de ces plans de financement.
Cette première évaluation montre que de nombreuses étapes ont déjà été franchies sur la voie de plans de financement ambitieux : en moyenne, 60 % de nos indicateurs sont remplis dans les pays étudiés. Cependant, des lacunes importantes subsistent, des éléments clés étant encore absents ou sous-développés.
Les estimations des besoins de financement au niveau national restent généralement insuffisantes. Même dans les pays où de telles estimations sont fournies, les détails sectoriels/temporels sont souvent trop limités pour servir de base à un véritable plan de financement. En outre, plus l’horizon temporel est proche, moins les informations fournies sur les indicateurs liés à la planification de la transition sont nombreuses, ce qui indique un décalage entre des visions à long terme plus mûres et des actions à court terme qui, comparativement, s’apparentent davantage à du pilotage à vue.
La question de la répartition de l’effort est encore mal abordée. Les détails sur qui paiera et par quel canal sont rarement fournis, ce qui complique la discussion sur les politiques publiques qui devraient déclencher ces investissements. La plupart des pays ne disposent pas de cadres incitatifs clairs, incluant des cibles quantitatives, pour mobiliser un financement privé suffisant. Les options de financement de l’action publique sont également sous-explorées, en particulier en ce qui concerne la mobilisation des ressources nationales.
Le financement occupera une place centrale dans les deux prochaines années de négociations internationales. Le demi-succès des négociations de la COP29 reporte une pression maximale sur l’année menant à la COP30, qui doit officialiser en novembre 2025 la hausse de l’ambition internationale et entériner la prochaine génération de Contribution déterminée au niveau national, CDN. Dans ce contexte, nos conclusions préliminaires soulignent la nécessité de :
- promouvoir des exercices bottom-up, sectoriels, d’identification de trajectoires nationales d’investissement crédibles dans le temps, et des besoins associés ;
- associer cette identification à un examen systématique des options de financement disponibles, couvrant les contributions nationales, internationales, publiques et privées ;
- appliquer ces connaissances non seulement aux stratégies à long terme, mais aussi les incorporer dans les processus de planification à court terme qui guident l’action des autorités nationales.