Intégration des pratiques de gestion forestière améliorée dans les systèmes de certification du carbone : où en sommes-nous et comment aller de l’avant ?

20 septembre 2024 - Étude Climat - Par : Julia GRIMAULT / Simon MARTEL / Ilié STORMS / Valentin BELLASSEN

La gestion améliorée des forêts (Improved Forest Management, IFM en anglais ) peut contribuer à atténuer le changement climatique en augmentant la séquestration du carbone dans les forêts et les produits du bois. Idéalement en garantissant le niveau le plus élevé possible des stocks de carbone forestier, en tenant compte des perturbations naturelles. En Europe, ces pratiques pourraient être encouragées, notamment pour contrebalancer le déclin du puits forestiers dans certains pays. Il devrait être possible d’encourager ces pratiques au sein du cadre de certification de l’Union européenne relatif aux absorptions de carbone (Carbon Removals and Carbon Farming, CRCF en anglais). Il est important que les caractéristiques des forêts et les stratégies de gestion forestière améliorée soient correctement intégrées dans ce nouveau système. C’est là qu’INFORMA intervient ! 

 

Disponible uniquement en anglais 

 

Notre analyse de 15 méthodologies de gestion forestière améliorée identifie quatre défis principaux liés à la certification des projets OIF : 

 

1. Diversification des pratiques de gestion dans le cadre de la certification carbone

L’amélioration de la gestion forestière peut signifier beaucoup de choses différentes, mais la plupart des méthodologies internationales se concentrent sur une réduction de la récolte. Des méthodologies nouvelles, qui englobent un éventail plus large de pratiques peuvent être proposées. Elles doivent être étayées par la science, afin de démontrer un impact climatique et la réduction des risques. 

 

2. Les scénarios de référence: le principal risque des projets de certification carbone  

Le principal risque lié à la certification carbone réside dans l’établissement du scénario de référence, qui peut conduire à sur-créditer les projets.

Nous recommandons de : 

  • Limiter les choix laissés aux développeurs de projets pour construire leur scénario de référence, afin de réduire l’asymétrie d’information et les biais. 
  • Explorer l’utilisation de lignes de scénarios de référence dynamiques. 
  • Choisir des niveaux de référence proches des stocks de carbone initiaux. 
  • Mesurer et vérifier les gains carbone des projets. 

 

3. Les outils de certification du carbone doivent mieux intégrer l’impact futur du changement climatique pour garantir la permanence du carbone  

L’impact futur du changement climatique sur les forêts est probablement sous-estimé dans les outils actuels de gestion de la non-permanence. Des déductions plus importantes au titre des buffers, ainsi que des mises à jour régulières des protocoles sur la base des données scientifiques les plus récentes, contribueraient à résoudre ce problème. Il convient également d’envisager des méthodes qui réduisent le risque incendies et augmentent la résilience à long terme. 

 

4. Accroître la visibilité et la solidité des critères de durabilité

Dans la pratique, il existe une grande hétérogénéité entre les méthodologies de gestion forestière améliorée pour intégration des impacts sur la durabilité. Chaque méthodologie fixe ses propres règles, ce qui entraîne un manque de clarté pour les financeurs de projets. Des lignes directrices pour l’intégration et la mesure des indicateurs de durabilité et co-bénéfices devraient être élaborées afin d’assurer une plus grande cohérence entre les méthodologies et une plus grande transparence. 

 

 

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Julia GRIMAULT
Julia GRIMAULT
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Simon MARTEL
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