Dix enseignements pour les dix ans du MDP
Par Igor SHISHLOV et Valentin BELLASSEN
Le Mécanisme pour un développement propre (MDP) est le premier et, de loin, le plus important instrument de compensation carbone au monde. À l’heure actuelle, c’est le seul marché basé sur une commodité environnementale qui ait réussi à attirer plusieurs milliards d’euros de capitaux privés chaque année. Pionnier en matière de lutte contre le changement climatique, le MDP a évolué « par essais et erreurs » et connu de nombreuses réformes, en plus de dix ans d’existence. Bien que le destin du mécanisme après 2012 reste incertain, il ne faudrait pas « jeter le bébé avec l’eau du bain », car l’expérience du MDP pourrait servir non seulement à réformer le MDP, mais aussi à créer de nouveaux instruments de marché.
- L’un des sujets les plus largement débattus est l’efficacité économique du MDP. Même s’il se concentre en grande partie sur l’offre (93 % de tous les crédits émis proviennent de cinq pays), le MDP a été un « outil de recherche » utile pour identifier de nouvelles opportunités de réduction des gaz à effet de serre, bien qu’il ait échoué dans la plupart des cas à les étendre aux différentes économies. La demande de crédits carbone émane principalement du système communautaire d’échange de quotas d’émissions (SCEQE), grâce auquel le MDP a aidé les entreprises à économiser des millions d’euros en réduisant les émissions là où cela leur coûtait le moins cher. Il est probable que les restrictions quantitatives en place réduisent à quelques acheteurs publics la demande de crédits du MDP émanant de projets enregistrés après 2012.
- Le MDP a également suscité des critiques sur son intégrité environnementale. Il existe par exemple des preuves solides que les projets de destruction du HFC-23 ont incité de manière perverse les industriels à adopter un comportement stratégique. De plus, l’additionnalité de quelques grands projets d’énergie renouvelable est un sujet de préoccupation, notamment en Chine et en Inde. La transparence du cadre a permis d’identifier les failles et de mettre en oeuvre des réformes, de façon continue depuis la création du mécanisme.
- Enfin, les évaluations de la contribution du MDP au développement durable sont mitigées et dépendent largement du type de projet et des circonstances nationales. Le principe de la souveraineté nationale domine l’évaluation existante de la durabilité, laquelle repose entièrement sur le pays hôte, sans critères ou surveillances normalisés.