Garantir des résultats transformationnels en vue de la transition climatique : le cas des banques publiques de développement et du financement intermédié
Contexte
Les deux années à venir (2024 et 2025) seront décisives pour la mise en place d’une architecture financière internationale réformée qui réponde de manière adéquate aux multiples crises auxquels les pays du Sud sont actuellement confrontés. Des décisions cruciales sur la manière de mobiliser plus efficacement des financements plus conséquents pour l’action climatique seront prises d’ici 2025, lorsque la COP30 et la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement auront lieu (entre autres).
La réforme de l’architecture financière internationale se concentre en grande partie sur la manière de mobiliser davantage de fonds pour l’action climatique, tout en évitant d’alourdir la dette et en garantissant une répartition équitable entre les pays et les secteurs qui en ont le plus besoin. L’intermédiation financière a potentiellement un rôle clé à jouer à cet égard en canalisant les fonds existants et en mobilisant des fonds supplémentaires vers des activités qui contribuent à transformer l’économie locale.
La plupart des banques publiques de développement (BPD) internationales s’appuient fortement sur les intermédiaires financiers (IF) pour avoir un impact positif sur le terrain. En 2019, plusieurs BPD multilatérales (dont la BERD et la BEI) ont engagé plus d’un tiers de leurs fonds par le biais de l’intermédiation financière (ces montants atteignant jusqu’à 63 % pour la SFI). L’intermédiation financière a pris un essor considérable ces dernières années et est de plus en plus considérée comme un moyen prometteur de mobiliser des fonds à grande échelle, car elle canalise les fonds vers un plus grand nombre d’acteurs économiques qui, autrement, ne bénéficieraient pas du financement de la lutte contre le changement climatique ou du développement.
En favorisant l’engagement du système financier dans son ensemble, l’intermédiation financière pourrait également jouer un rôle essentiel dans l’alignement de tous les flux financiers sur les objectifs de l’Accord de Paris, ce qui aurait un impact positif et transformationnel sur les économies et favoriserait une utilisation plus efficace des fonds publics limités.
En réponse, les banques publiques de développement (BPD) ont développé des méthodologies pour évaluer et guider l’alignement sur l’Accord de Paris de toutes leurs opérations, y compris l’exigence d’aligner l’utilisation des produits transitant par des IF ou de s’assurer que les intermédiaires financiers prennent des mesures crédibles pour aligner leurs propres opérations sur l’Accord de Paris. Ces méthodologies peuvent toutefois être améliorées.
En outre, le suivi de l‘impact de l’intermédiation financière a été brouillé et ralenti par des pratiques uniformes. Les rapports sur l’impact de l’intermédiation financière s’appuient en grande partie sur les volumes de financement climatique et sur des mesures d’impact incomplètes et incohérentes qui ne permettent pas d’évaluer correctement les impacts économiques positifs.
Objectifs
L’objectif général est de déterminer dans quelle mesure et de quelle manière le recours aux IF peut maximiser l’impact des financement publics sur la transformation de l’économie réelle. Il se décline en objectifs spécifiques :
- Identifier les leviers les plus adéquats pour travailler avec différents types d’IF (en termes de processus et d’instruments), tout en cherchant à obtenir des résultats positifs en matière de climat.
- Exposer les conditions (en tenant compte de la taille, du secteur, de la géographie, du mandat des IF) dans lesquelles ces leviers peuvent servir à l’alignement des différents types d’IF et d’opérations intermédiées.
- Poser les bases pour des mesures d’impact fondées sur des données probantes et adaptées à l’objectif visé.
- Mettre en lumière la pertinence de l’intermédiation financière pour la dimension transformationnelle de l’action climatique aidant ainsi les BPD et leurs actionnaires à prendre des décisions éclairées sur la manière de prioriser l’utilisation de fonds publics rares.
- Contribuer aux débats actuels sur la réforme de l’architecture financière internationale.
Période
Avril 2024– Mai 2025