Le Pacte Industrie Propre peut-il offrir un véritable modèle économique pour la décarbonation ?
Cette semaine, l’Union européenne a lancé le Pacte Industrie Propre, son nouveau cadre politique pour le mandat à venir. Présenté comme « un business plan transformationnel », il vise à concilier objectifs climatiques et compétitivité. C’est la réponse de l’Europe à l’alerte lancée l’an dernier par le rapport Draghi sur le déclin de sa position concurrentielle.
Pour réussir, les entreprises doivent tenir compte des enjeux de durabilité, de progrès technologique et de sécurisation des ressources. Emmanuelle Trichet analyse comment elles peuvent transformer leurs modèles économiques en s’appuyant plus sur la connaissance scientifique liée au climat et aux contraintes en matière de ressources naturelles.
Pour les banques, les nouvelles lignes directrices de la supervision européenne offrent un signal positif pour l’intégration des risques ESG dans les portefeuilles financiers, comme l’explique Natasha Chaudhary dans cette tribune. Cependant, le règlement Omnibus sur la simplification de la finance durable soulève des doutes quant aux ambitions de supervision de l’UE, notamment sur les plans de transition bancaire.
Dans un contexte de chaînes d’approvisionnement fragilisées, de tensions géopolitiques croissantes et de guerre aux frontières de l’Europe, une partie de la solution exige que l’Europe renforce sa propre base industrielle. Place au Pacte Industrie Propre. La feuille de route de la Commission met en avant plusieurs initiatives clés. Des critères de passation des marchés publics et privés renforcés peuvent créer des débouchés pour les industries vertes européennes, du secteur sidérurgique aux véhicules électriques. Côté investissement, un Fonds d’innovation élargi et une nouvelle « Banque de décarbonation » visent à canaliser les financements publics vers des projets stratégiques.
Mais deux défis majeurs demeurent. D’abord, l’absence d’une stratégie claire. Tout bon business plan doit fixer des priorités et des objectifs précis. Or, le Pacte Industrie Propre reste flou. Sans gouvernance forte pour orienter les décisions nationales et garantir des investissements stratégiques, l’UE risque de financer des projets qui n’apportent pas l’impact attendu sur la décarbonation et la compétitivité.
Ensuite, un plan sans financement ne peut aller loin. Des initiatives comme le Fonds de compétitivité sont des avancées, mais un investissement public plus ambitieux à court terme est nécessaire. L’augmentation du Fonds d’innovation, ainsi que les réformes essentielles des aides d’État et des règles IPCEI, seront des éléments clés à suivre.
Le Pacte Industrie Propre est une avancée, mais une nouvelle couche de mesures dispersées ne constitue pas une véritable stratégie industrielle verte. L’Europe doit faire plus que de simples ajustements : elle doit investir pour rester compétitive.