Financer une économie décarbonée: le rapport présidentiel français sur les financements pour le climat
Date: 10 décembre, de 15h à 17h
Lieu: Pavillon français
Organisateurs : I4CE & Commission présidentielle sur la finance climat innovante
Discussions dédiées au rapport Canfin-Grandjean, mandaté par la présidence de la République française. Celles-ci constituent une feuille de route pour mobiliser les financements publics et privés pour l’action climatique ainsi qu’avancer cet agenda dans les forums clés (G7, G20, FMI, OCDE) et autour d’acteurs tels que les banques de développement et les banques centrales. La présentation du rapport sera suivie d’une table ronde sur les progrès réalisés et les étapes à venir en 2016.
Le rapport intégral de la Commission pourrait être téléchargé sur le site d’I4CE ici : https://www.i4ce.org/download/cdc-climat-recherche-salue-la-sortie-du-rapport-de-la-commission-canfin-grandjean-sur-la-finance-climat-innovante/
Introduction : Présentation des 10 recommandations du rapport Table ronde : En 2015 la feuille de route a été établie – en 2016 comment tenir le cap ? Conclusion : Mme Gabriela Ramos, Directeur de Cabinet et Sherpa de l’OCDE au G20Programme
Pascal Canfin, Co-président, Commission présidentielle sur la finance climat innovante
Modérateur : Ian Cochran, I4CE
Télécharger la présentation du rapport (en anglais)
Résumé:
Le jeudi 10 décembre, I4CE et la Commission Canfin-Grandjean ont organisé un side-event dans le Pavillon français à la COP 21 pour discuter des progrès réalisés en 2015 sur la mise en œuvre de la feuille de route définie par la Commission présidentielle – ainsi que les prochaines étapes en 2016. Cet événement, bien suivi, a démontré comment les régulateurs, les institutions financières publiques et les acteurs financiers privés ont fait des progrès et ont lancé un processus d’acculturation de la communauté financière sur les risques et les opportunités provoqués par le changement climatique.
Pascal Canfin, co-président de la Commission présidentielle française sur les financements innovants du climat, a présenté brièvement le rapport soumis au Président Hollande le 18 Juin 2015. Il a exposé et préfiguré la plupart des progrès réalisés en France – ainsi qu’au sein du G7, du G20, de l’OCDE et dans d’autres instances –, ce qui a été discuté plus en détail par le panel.
Une table ronde animée par Ian Cochran (directeur de programme, I4CE) a suivi cette présentation du rapport, en se concentrant sur trois questions:
- Quels progrès ont été réalisés en 2015 pour concrétiser cette feuille de route?
- Quels sont les défis post-COP21?
- Quels sont les progrès concrets qui peuvent être attendus en 2016 et quelles sont les étapes clés?
Tout d’abord, M. Mark Campanale, Fondateur et Directeur exécutif, Carbon Tracker Initiative (CTI), a présenté le récit fondé sur le risque que son institution a poussé, et qui a joué un rôle important dans le développement d’un récit sur le défi du changement climatique écrit d’une manière compréhensible pour le secteur financier. Leur travail se concentre sur l’incohérence liée au changement climatique constaté dans le secteur financier et l’importance des risques à court et à moyen terme liés à la fois aux impacts physiques, mais aussi aux ‘actifs échoués’ liés aux politiques climatiques et à la transformation plus large de l’économie nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de long terme. Une attention particulière a été apportée aux investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension qui doivent équilibrer des considérations de paiement à court terme, mais aussi des problématiques de long terme tels que l’impact de leurs actions qui modifient le monde dans lequel leurs bénéficiaires voudront prendre leur retraite. Dans leur récente analyse, CTI estime que près de deux milliards de dollars de capitaux investis seraient perdus dans un monde cohérent avec l’objectif des 2 ° C. Il a conclu en évoquant une récente initiative lancée en collaboration avec les bourses du monde entier pour développer les moyens nécessaires à l’intégration des informations liées au climat.
Hervé Guez, directeur de la recherche, Mirova – un gestionnaire d’actifs responsable en France – a présenté les évolutions récentes dans le contexte réglementaire en France. La récente loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en France à la fin de 2015, a mis en œuvre un certain nombre de nouvelles exigences de divulgation et de rapportage liés au climat pour les institutions financières. Ces exigences sont considérées comme une première étape par les régulateurs français pour pousser les acteurs du secteur financier à mieux comprendre leur exposition aux risques liés au climat, ainsi que d’une amélioration globale de l’évaluation et l’intégration des risques dans la prise de décision financière. Alors que le décret d’application est encore en développement, les exigences de déclaration et de divulgation vont pousser différents types d’institutions financières à quantifier l’impact lié au climat de leur portefeuille. Pour les établissements de crédit, l’incorporation de l’exposition aux risques climat associée à des exercices de stress-test, devra être explorée courant 2016. Dans les années à venir, ce processus vise à développer une culture au sein des institutions financières afin d’identifier et de mettre en place des actions concrètes pour gérer ces risques.
Nick Robins, Co-Directeur de l’UNEP Inquiry, a présenté un bref aperçu du programme de deux ans qu’il a mené et qui montre que plusieurs initiatives ont été mises en œuvre à différents niveaux pour améliorer le système financier et le rendre plus durable. Il a décrit les défis à venir, ainsi que les opportunités pour le système financier basé sur une tendance croissante vers l’innovation des politiques, des banques centrales, des régulateurs financiers et des normalisateurs, qui intègrent les facteurs de durabilité dans les règles qui régissent le système financier. Il a attiré l’attention sur des exemples de changements de politique dans le secteur bancaire, les marchés de capitaux, les assurances et de les investisseurs institutionnel, appuyant sur les travaux détaillés dans des pays tels que le Bangladesh, Brésil, Chine, Colombie, France, Inde, Indonésie, Kenya, Afrique du Sud, le Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Enfin, il a décrit comment un certain nombre de ces questions sera pris en compte par le Groupe de travail du Conseil de stabilité financière qui a été convoqué sous la direction de Michael Bloomberg dans la période précédant les réunions du G20 en Chine en 2016. Dans ce processus, la question des risques et opportunités liés au climat pour le secteur financier sera abordée.
Enfin, M. Antonio Garcia Perez, Directeur de l’environnement et du changement climatique, Andean Development Corporation (CAF), a discuté de ces questions depuis la perspective d’une institution financière publique de développement (IFD). En 2015, le rôle important des IFD a été largement discuté – que ce soit sous la forme d’institutions multilatérales, bilatérales ou domestiques. Elles jouent un rôle dans l’acheminement des ressources, pour surmonter les défaillances du marché et pour faciliter le mélange de ressources publiques et privées pour accroitre l’investissement bas-carbone et résilient au changement climatique. M. Garcia a expliqué comment 26 institutions financières publiques et privées se sont réunies pour lancer «5 Principes volontaires pour l’intégration de l’action climatique au sein des institutions financières». Cette initiative se concentre sur 5 principes pour accroitre le capital et la gestion du risque:
- S’engager dans une stratégie en faveur du climat
- Gérer les risques climatiques
- Promouvoir des objectifs intelligents sur le plan climatique
- Améliorer ses résultats en matière de climat
- Rendre compte pour de son action pour le climat
Suite à ces présentations, le débat a été ouvert pour les questions de la salle. Les discussions ont porté sur : la façon dont ces institutions pourraient soutenir les Intended Nationally Determined Contributions (INDC) ; l’importance de surmonter les obstacles perçus liés à des interprétations court-termistes de l’obligation fiduciaire ; la liste de souhaits des panélistes concernant ce qu’ils aimeraient voir en 2016 ; la façon de surmonter un certain nombre de barrières culturelles à intégrer le climat – et d’autres préoccupations plus générales de développement durable à long terme ; et enfin comment accroître le nombre de projets verts dans les tuyaux et la nécessité d’investissements en fonds propres.
Enfin, Mme Gabriela Ramos, directeur de cabinet et sherpa du G20 de l’OCDE, a fourni un certain nombre de conclusions. Elle a noté que, étant donné les progrès observés dans les institutions publiques et privées, nous ne devrions pas inquiéter de ‘blues’ post-COP21. Alors que beaucoup dépendra du niveau d’ambition de l’accord final, un certain nombre d’actions indépendantes que l’OCDE a étudié et soutient – y compris le travail sur la tarification du carbone, l’alignement de la politique avec des objectifs faibles émissions de carbone, et le reporting climatique d’entreprises et d’institutions financières – créent une dynamique pour soutenir l’investissement nécessaire à moyen et à long terme. Elle a parlé du rôle que l’OCDE prévoit de jouer pour soutenir ce programme en 2016, y compris un soutien à une « taxe imposante » nécessaire sur le carbone pour résoudre la prise en compte des externalités ainsi que le travail sur la divulgation d’information, aidant notamment à faire évoluer les concepts d’obligation fiduciaire et à améliorer le suivi des financements internationaux dédiés au climat.