Financement climat : les pavés dans la mare
Le rapport Pisani-Ferry a jeté un premier pavé dans la mare en estimant à environ 30 milliards d’euros par an le besoin supplémentaire de dépenses publiques pour faire la transition climatique. Et un second pavé en explorant différentes options pour dégager une telle somme, telles que l’endettement et – ce qui a évidemment beaucoup fait parler – la hausse de la fiscalité sur les ménages aisés. Les membres du gouvernement qui ont réagi au rapport ont, malheureusement, omis de commenter le chiffre de 30 milliards. Mais ils ont largement commenté, et rejeté, la hausse de l’endettement et de la fiscalité pour financer ces dépenses.
L’option privilégiée par le gouvernement est claire : les économies budgétaires et en particulier la réforme des niches fiscales identifiées comme défavorables au climat. Ces taux réduits de taxation sur l’énergie pour de nombreux secteurs économiques coûteraient plus de 7 milliards par an à l’État selon le gouvernement. Jusqu’à trois fois plus avec d’autres méthodes, comme l’avait montré I4CE dans une étude à redécouvrir dans cette newsletter. Réformer ces niches a tout de la bonne idée, et il est heureux que le gouvernement s’y attelle à nouveau. Soyons lucides néanmoins : l’histoire récente nous enseigne que cette réforme prendra du temps et ne permettra pas de récupérer tout l’argent que coûtent ces niches. Et pas seulement parce que devant chaque niche il y a un chien qui aboie.
Il n’y a pas de baguette magique pour financer la transition et c’est pourquoi il est sain d’explorer et de débattre de toutes les options. Le gouvernement fait néanmoins le pari, aujourd’hui, de miser uniquement sur les économies budgétaires. Il doit dès lors préciser combien il espère économiser pour la transition, dès 2024 et pour les années qui suivent. Et, si les économies possibles ne collent pas avec les besoins identifiés par le rapport Pisani-Ferry, il doit expliquer comment il compte faire la transition avec moins d’argent public. Et donc, qui paiera si ce n’est pas l’État.