L’intégration du changement climatique par les institutions financières publiques et privés : quelles avancés et quelles défis à relever ?
Date : 4 décembre de 17h15 à 18h45
Lieu : Générations Climat – salle 5
Organisateurs: Agence Française de Développement & I4CE
Introduit par le témoignage d’un pays du Sud intégrant le « climat » dans sa planification du développement depuis plusieurs années, cet événement proposera un dialogue de haut niveau entre représentants des secteurs financiers public et privé, international et national. Les avancées de ces institutions dans la prise en compte du changement climatique seront présentées en mettant l’accent sur les travaux intensifs conduits en vue de l’harmonisation des pratiques de comptabilisation des financements climat et des méthodologies de mesure de l’empreinte carbone, et du relèvement de l’ambition (chiffres de la finance climat en 2014 et les engagements pris en amont de la COP21).
La série de publications d’I4CE sur l’intégration des trajectoires bas-carbone et résilientes au changement climatique dans les activités des Institutions financières de développement, produit en collaboration avec l’AFD, pourrait être téléchargée ici : https://www.i4ce.org/actu-mainstreaming/
Introduction : Mr Simon Gaviria, Directeur du département de planification nationale de la Colombie; Table ronde haut-niveau: L’ International Developement Finance Club (IDFC) est un réseau de 23 banques internationales, régionales et nationales de développement
Moderator: Benoit Leguet, Directeur Général, I4CE – Institute for Climate Economics)
Résumé de l’évènement :
Lors de la COP21, le 4 Décembre 2015, I4CE – Institute for Climate Economics et l’Agence Française de Développement (AFD) ont organisé une table ronde de haut niveau pour discuter des progrès accomplis à ce jour par les acteurs financiers publics et privés dans l’intégration des enjeux du changement climatique dans leurs opérations.
Modérée par Benoît Leguet, Directeur de I4CE, la table ronde a réuni des représentants de haut niveau de trois institutions financières publiques et multilatérales ayant des mandats et des champs d’intervention différents ainsi que d’une banque privée active dans le domaine du financement international de projets.
- Anne Paugam, Directrice Générale de l’AFD et vice-présidente de l’IDFC (International Development Finance Club) a abordé la question de l’intégration du changement climatique dans la perspective d’une institution financière bilatérale et les progrès réalisés dans le réseau, plus vaste, des institutions membres de l’IDFC. Les institutions qui composent l’IDFC ont dédiés 85 milliards de dollars de financement pour des actions liées au climat en 2014 et continuent à en faire une priorité et ainsi qu’à collaborer pour harmoniser les méthodologies de suivi et à partager les meilleures pratiques. Concrètement, l’AFD prévoit d’augmenter son financement pour les activités avec des co-bénéfices climatiques – avec un objectif de 5 milliards d’euros par an d’ici 2020, soit près de 50% de son activité. De plus, l’institution espère tripler ses niveaux actuels de financement de l’adaptation d’ici 2020.
- Laura Tuck, vice-présidente en charge du Développement durable de la Banque mondiale, , a décrit comment les banques multilatérales de développement (BMD) relèvent le défi climatique. Elle a souligné que les BMD ont déjà un rôle important – elles canalisent en 2013 et 2014 près de 40% des flux de financement climat nord-sud, soit environ 27 milliards USD par an. La Banque mondiale s’est engagée à augmenter la part de son activité consacré aux projets climatiques pour atteindre 28%. Au-delà du financement direct, Mme Tuck a réitéré le rôle des banques multilatérales de développement telles que la Banque mondiale dans le développement de nouvelles classes d’actifs comme les obligations vertes et l’amélioration du reporting sur les impacts afin de mieux s’assurer un impact positif sur l’environnement. En outre, la Banque mondiale a travaillé avec des membres d’IDFC ainsi que d’autres institutions à harmoniser les méthodologies de quantification des gaz à effet de serre pour trouver une approche commune à l’évaluation de l’impact des projets, en particulier dans les secteurs de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. Des ‘principes’ communs ont également été adoptés pour la comptabilisation des émissions de GES dans le secteur des transports.
- Jaques Prost, Directeur général délégué de Crédit Agricole CIB a partagé ses vues avec la perspective d’une banque privée internationale impliquée dans le financement de projets. Il a souligné combien son institution a respecté les engagements qu’elle avait pris en septembre 2014 de structurer 20 milliards d’euros de transactions liées au climat par an – et le dépassement de cet objectif de 5 milliards d’euros en 2015. En outre, les institutions financières privées prennent des mesures pour aider à développer différentes classes d’actifs, comme la participation de CA dans certaines des plus grandes émissions d’obligations vertes – ainsi que leur engagement à limiter leur participation à certains types d’investissements comme l’exclusion désormais des nouveaux investissements dans les mines de charbon, ou les centrales électriques au charbon dans les pays à haut revenu.
- • Mohale Rakgate, directeur général du Fonds vert / préparation des projets de la Banque de développement d’Afrique du Sud (DBSA) – parlant au nom de Patrick Dlamini, PDG de la DBSA et vice-président de IDFC. Il a parlé avec la perspective d’une banque publique de développement dédiée aux infrastructures dans une économie émergente. DBSA est active dans les domaines de l’infrastructure de l’énergie, les transports et l’efficacité énergétique ; elle cherche à soutenir des projets avec additionnalité et la possibilité d’augmenter l’échelle pour impliquer d’autres financeurs publics et privés. La DBSA reconnaît le défi, mais aussi l’importance, de lier les objectifs climatiques et de développement. M. Rakgate a parlé de deux programmes que DBSA gère pour le gouvernement sud-africain: le Fonds vert national ciblant les projets de démonstration et le Fonds National pour l’énergie renouvelable visant à faciliter le déploiement de projet d’augmentation de la capacité d’énergie renouvelable du pays. M. Rakgate a également parlé de la façon dont les institutions, telles que la DBSA, sont importantes pour aider à canaliser la finance internationale vers des projets ; à ce sujet, M. Rakgate a abordé l’accréditation de la DBSA auprès du Fonds pour l’environnement mondial et de la prochaine à venir l’année prochaine auprès du Fonds vert pour le climat.
Les présentations des quatre intervenants ont été suivies d’un échange avec le public, qui a permis d’aborder des questions liées à l’agriculture, au soutien pour la recherche et l’innovation, à la garantie de l’intégrité environnementale des instruments et des interventions ainsi que d’un certain nombre d’autres sujets.