L’Europe doit passer du déni à l’acceptation dans la course aux technologies propres
Les psychologues parlent parfois des cinq étapes du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. La réaction européenne à l’Inflation Reduction Act, adopté il y a un an, a été étonnamment similaire à ces étapes du deuil. Colère des décideurs politiques face au protectionnisme américain. Dépression du secteur privé qui craint que l’Europe prenne un retard insurmontable dans la course mondiale aux technologies propres. Déni sur l’écart entre les efforts de l’UE et des États-Unis, en arguant que la somme de toutes les dépenses de l’UE et des États membres dans le domaine des technologies propres équivaut à une estimation conservatrice de ce que propose le seul IRA, sans prendre en compte l’ensemble des mécanismes américains qui subventionnent les cleantech au niveau fédéral et étatique.
Pendant ce temps là, l’UE est entrée dans l’étape du marchandage, avec la négociation du règlement pour une industrie «net zéro» (NZIA) et de la plateforme des technologies stratégiques pour l’Europe (STEP). Elle tente, pour l’instant sans succès, de concilier la réalité de la course mondiale aux technologies propres avec la volonté limitée de certains États membres de trouver une solution européenne ambitieuse.
Il est temps de sortir de la colère, de la dépression, du déni et du marchandage, et d’entrer dans l’acceptation. Comme le soulignait déjà Thomas Pellerin-Carlin en février, les États-Unis (ainsi que la Chine, le Canada, la Corée et d’autres) misent gros sur les technologies propres. Avec les élections européennes qui approchent à grands pas, l’UE doit se doter d’un plan d’investissement à la hauteur de ses ambitions climatiques et industrielles.
Comme l’a clairement indiqué la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, dans son discours de mercredi sur l’état de l’Union, « l’avenir de notre industrie des technologies propres doit se faire en Europe ». Pour ce faire, l’UE peut d’abord se tourner vers les outils dont elle dispose déjà – le plus efficace étant le Fonds pour l’innovation. Dans l’analyse publiée aujourd’hui, I4CE examine comment le plus grand fonds européen pour l’innovation climatique peut ouvrir la voie à la prochaine phase du Pacte vert européen – et soutenir la décarbonation de l’UE, la sécurité énergétique et la compétitivité économique des décennies à venir. Avec un peu de chance, cela pourrait nous aider à surmonter le choc de l’IRA.