Réduisons la facture des prochaines crises
Le coût de la crise énergétique et climatique ne cesse de s’alourdir. Pour faire face aux prix élevés de l’énergie et protéger les ménages, les collectivités, les industries vulnérables, la prolongation du bouclier tarifaire va encore coûter aux finances publiques la bagatelle de 45 milliards en 2023. Ajoutons à cela le coût de l’été 2022, avec ses feux de forêts, ses vagues de chaleur, la sécheresse… Nous payons la facture de notre impréparation. Nous ne sommes pas prêts car nous n’avons pas suffisamment investi dans les économies d’énergie et la production d’énergie décarbonée. Nous n’avons pas suffisamment investi pour adapter notre économie et nos territoires aux effets du changement climatique en cours.
C’est pourquoi le débat budgétaire qui va s’ouvrir dans quelques jours au Parlement est si important. Il y aura évidemment la discussion du projet de loi de finances 2023, avec des débats attendus sur le bouclier tarifaire et sur les profits exceptionnels. Mais aussi le projet de loi de programmation des finances publiques. Ce deuxième projet de loi est particulièrement important, car il va définir la trajectoire budgétaire de moyen terme, sur le quinquennat, et permettre d’anticiper les besoins d’investissements pour transformer le pays et en faire une « nation écologique ». Pour ces deux textes, une même question : comment en même temps réduire le déficit, continuer à payer pour gérer l’urgence, et investir pour préparer l’avenir ? La quadrature du cercle, ou plutôt le triangle d’incompatibilité. Le gouvernement va apporter dans quelques jours sa réponse à cette question, et en débattra avec les parlementaires. Le candidat Emmanuel Macron avait déjà apporté la sienne, en s’engageant dans le cadre de son programme électoral à mobiliser 10 milliards d’euros d’argent public supplémentaires par an, sur toute la durée du quinquennat, en faveur de la transition écologique.
L’État et les collectivités vont devoir investir plus, et ils vont aussi devoir investir mieux. Investir plus car, d’après les estimations conduites en 2021 par l’Institut de l’économie pour le climat, il faudrait 13 à 15 milliards d’euros d’investissements publics et privés supplémentaires, chaque année jusqu’en 2023 ; et environ le double jusqu’en 2028, pour tenir la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre décidée par la France. Un montant minimum, car de nombreux secteurs, comme l’agriculture, l’industrie ou le nucléaire ne sont pas couverts. De plus la France a en début d’année pris comme engagement d’agir plus rapidement, de réduire deux fois plus vite ses émissions de gaz à effet de serre que lors du dernier quinquennat, afin de s’aligner avec le nouvel objectif européen en la matière. Nous publierons dans quelques semaines des estimations révisées des investissements nécessaires pour y parvenir.