Pour une autre approche du risque climatique en finance – Tenir pleinement compte des incertitudes

4 novembre 2019 - Étude Climat - Par : Vincent BOUCHET (Groupe Caisse des Dépôts) / Morgane NICOL / Michel CARDONA / Dr. Vivian DEPOUES

L’intégration des risques climatiques dans les pratiques de gestion financière n’est pas une chose aisée. En effet, comme le montre cette note à partir de l’exemple des activités bancaires, les caractéristiques intrinsèques de ces risques – de long terme, non probabilisables et sans historiques – sont souvent difficilement compatibles avec les processus standards qui reposent sur des probabilités établies à partir du passé. Pourtant, l’incertitude ne peut pas être un prétexte à l’inaction. Le cadre de la théorie de la décision en univers incertain fournit en effet des approches et des outils alternatifs permettant de décider malgré les incertitudes. Bien que développés dans des contextes différents des activités financières, nous défendons que ce qui sous-tend ces approches – et notamment l’importance accordée aux critères d’adaptabilité et de robustesse des choix de gestion – pourrait être mobilisé par les acteurs financiers. Nous proposons des pistes de discussions en ce sens, concernant à la fois la stratégie et la régulation bancaires.

 

La première partie de la présente note rappelle ce que sont les risques de transition et les risques climatiques physiques et les trois principales sources d’incertitude qui leur sont associées. Nous revenons ensuite sur les processus standard de gestion des risques par les établissements bancaires avant de montrer pourquoi il est particulièrement compliqué d’y intégrer les risques climatiques. Puis, nous passons en revue plusieurs outils d’aide à la décision utilisés dans d’autres secteurs. Enfin, en conclusion, nous suggérons des pistes pour adapter ces outils au secteur de la finance.

 

Ce document a vocation à servir de base d’échange entre des praticiens de la gestion des risques du secteur bancaire, le régulateur mais aussi des opérateurs et chercheurs ayant déjà appliqué des approches exploratoires dans d’autres domaines. Il nous semble essentiel de discuter des conditions à réunir pour rendre de telles évolutions possibles, en s’inspirant de ce qui est fait dans d’autres secteurs, pour améliorer ainsi la prise en compte des risques climatiques dans le financement de l’économie. Bien qu’exploratoire, ce travail ouvre également des pistes d’études de cas à conduire.

 

 

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Contacts I4CE
Michel CARDONA
Michel CARDONA
Expert associé senior – Secteur financier, Risques et Changement climatique Email
Dr. Vivian DEPOUES
Dr. Vivian DEPOUES
Responsable thématique – Adaptation au changement climatique Email
Pour aller plus loin
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    Consultation PNACC – Cahier d’acteur I4CE

    Après deux années de travaux préparatoires, le projet du troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) a été présenté en octobre 2024. Afin d’enrichir ce Plan, une large consultation publique a été lancée, invitant les acteurs institutionnels à soumettre un « cahier d’acteur ». I4CE a souhaité déposer un cahier qui reflète l’avis de l’institut sur les avancées apportées par le Plan et les faiblesses identifiées. Il s’appuie sur la participation d’I4CE aux différents groupes de travail constitués pour préparer le PNACC3, sur les études menées par I4CE et sur les expertises sectorielles internes.

  • 11/12/2024 Billet d'analyse
    Le point dur du PNACC3 : la question des moyens

    Le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3), fruit de deux ans de travaux préparatoires, est enfin en consultation. Ce document propose une vision relativement complète des défis que pose l’adaptation, de l’état des actions en cours et des pistes d’actions complémentaires. Il ancre notamment une idée centrale : celle de faire de la TRACC la référence commune pour toutes les démarches d’adaptation au changement climatique : elle doit permettre d’instaurer un « réflexe adaptation » dans toutes les politiques et tous les investissements sensibles au changement climatique (cf. le cahier d’acteur I4CE pour notre analyse de cette dynamique). En revanche, ce projet de PNACC reste relativement succinct sur le volet économique : il ne contient ni vision d’ensemble des moyens actuellement engagés pour l’adaptation ni de vrai budget associé aux mesures. Pourtant nos travaux récents montrent que si les montants de l’adaptation dépendront avant tout des choix collectifs qui restent à faire, des moyens sont d’ores et déjà nécessaires pour (1) accompagner les différents acteurs (administrations, collectivités, entreprises, ménages) dans leurs démarches et (2) prendre en charge les premiers besoins déjà exprimés notamment en matière de prévention des risques. Deux points sur lesquels le PNACC ne répond que très partiellement et sur lesquels nous revenons dans ce billet.

  • 06/11/2024 Tribune
    Adaptation au changement climatique : les décisions difficiles restent devant nous

    Le gouvernement a mis en consultation son plan national d’adaptation au changement climatique. Celui-ci constitue une avancée notable car il entérine la nécessité de réfléchir en tenant compte des évolutions possibles du climat. Cela n’empêche pas les décisions difficiles à prendre. Les inondations dans le Var qui ont nécessité l’intervention de l’armée. Les inondations meurtrières en Espagne . Ces événements tragiques, et leur coût humain et économique, nous rappellent que nous ne sommes pas prêts à faire face au climat qui change. Nos territoires, nos infrastructures, nos bâtiments ne sont pas prêts. Pas plus en France qu’en Espagne, ou ailleurs en Europe.

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