Publications Financement public

Une évaluation climat à 360° du budget de l’Etat

1 octobre 2019 - Étude Climat - Par : Dr. Quentin PERRIER / Dr. Sébastien POSTIC / Marion FETET

Parce que le vote du budget de l’Etat est un moment clé pour le climat, I4CE publie son évaluation climat du budget. Cette étude identifie plus de 250 mesures dans le budget qui influencent, à la hausse ou à la baisse, les émissions de la France. 250 bonnes raisons de s’intéresser au budget.

 

Le budget : un moment important pour le climat

L’État lève chaque année en France plusieurs centaines de milliards d’impôts divers – environ un quart du PIB national – et en dépense mécaniquement autant, voire un peu plus. Mettre le budget en cohérence avec l’objectif national de neutralité carbone, c’est donc faire un énorme pas en avant dans la lutte nationale contre le dérèglement climatique.

Mais le chantier est vaste. Il ne s’agit plus de se limiter aux quelques mesures phares, aussi importantes soient-elles, sur lesquelles le débat politique a tendance à se concentrer, à l’image de la taxe carbone ou de l’exonération pour le kérosène des avions. Il faut connaitre, et reconnaître, l’ensemble des mesures budgétaires qui ont une influence sur les émissions de gaz à effet de serre de la France.

L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) propose ici une évaluation climat à 360° du budget de l’État, hors sécurité sociale. Plus de 250 mesures budgétaires sont identifiées ; dépenses, niches fiscales, impôts, toutes ont une influence significative, à la hausse ou à la baisse, sur les émissions nationales de gaz à effet de serre. Certaines d’entre elles sont directement issues des efforts de l’État pour réduire les émissions, et ont été créées dans ce but ; cependant, pour la plus grande part, il s’agit de mesures visant initialement un autre objectif principal, ce qui rend d’autant plus nécessaire l’identification de leur effet sur le climat.

 

Plus de 250 mesures à mettre sur le radar

Toutes les mesures que nous avons recensées méritent d’être sur le radar des responsables politiques, de l’administration, ou encore des ONG, même si certaines se comptent en milliards et d’autres seulement en millions. Pour leur faciliter la tâche, cette étude en liste la majorité. Toutes sont disponibles sur un fichier Excel.

Cette étude apporte aussi des éléments de réponse à plusieurs questions qui ont émergé avec le mouvement des gilets jaunes : combien l’État dépense-t-il pour aider les ménages et les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ? Combien l’État prélève-t-il au nom du climat ? Et qui est exonéré de cet effort fiscal ?

 

Le budget de l’État est-il aligné avec l’Accord de Paris ?

Quant à savoir si le budget actuel de l’État est suffisant pour atteindre la neutralité carbone, on ne peut répondre à cette question avec un seul chiffre ou un indicateur unique. Ce qu’on peut affirmer, sur la base de cette étude, c’est qu’il existe 17 milliards de mesures défavorables au climat, en particulier de nombreuses niches sur la taxation des produits pétroliers. Elles devront progressivement être réformées. Les dépenses et les niches fiscales favorables au climat, quant à elles, représentent 20 milliards. Cet effort devra très probablement augmenter à l’avenir.

Enfin, on observe que 7 % des impôts analysés sont favorables au climat : une part non négligeable, mais qui devrait être amenée à croître à moyen terme, avec ou sans taxe carbone, avec ou sans augmentation des prélèvements obligatoires.

Cliquez sur ce bouton pour voir l’image

 

L’évaluation climat du budget de l’Etat français est réalisé avec les soutien technique et financier de l’ADEME et de la Fondation européenne du climat.

Pour aller plus loin
  • 02/07/2024
    État des lieux des progrès de l’Union européenne vers la neutralité climat

    Évaluer l’état d’avancement des travaux pour éclairer les prochaines étapes de l’élaboration des politiques publiques européennes. L’Union européenne (UE) s’est engagée sur la voie de la neutralité climat d’ici à 2050. Ce projet multigénérationnel offre de nombreuses opportunités sociétales, économiques et environnementales. En même temps, il est d’une ampleur sans précédent et implique des changements considérables dans les systèmes actuels, qui doivent être anticipés et pris en compte pour que la transition soit équitable et acceptable pour tous. Un contrôle régulier des progrès accomplis est essentiel pour comprendre où en est l’UE dans son parcours. Il permet d’identifier les défis et les opportunités et de prendre des mesures politiques ciblées pour orienter les investissements, l’offre, la consommation et le développement sociétal. Il n’existe toujours pas de suivi officiel, complet et régulier des progrès à l’échelle de l’UE pour y parvenir.

  • 21/06/2024
    En attendant le Plan national d’adaptation au changement climatique

    Les élections législatives anticipées ont balayé la dernière chance pour le gouvernement de présenter le projet de 3ème Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) avant l’été. Les travaux avaient néanmoins bien avancé et, quelles que soient les suites, il y aura trois choses à retenir des progrès des derniers mois sur l’adaptation. La première, c’est l’idée maitresse du PNACC3 – celle qui pourrait structurellement changer la donne en matière d’adaptation et autour de laquelle toutes les dynamiques ont commencé à s’aligner : le partage d’une trajectoire de réchauffement de référence (TRACC). La prise en compte systématique du climat futur selon les hypothèses partagées de cette TRACC est une manière efficace pour enfin arrêter de regarder dans le rétroviseur et concrétiser un « réflexe adaptation » dans tous les investissements structurants. À ce stade, la TRACC n’est encore inscrite dans le marbre nulle part. Aller au bout de cette idée nécessitera un nouveau moment politique sur l’adaptation.

  • 20/06/2024
    Vagues de chaleur : ce que l’on peut dire des coûts de l’adaptation des bâtiments

    Face aux conséquences grandissantes des vagues de chaleur sur les activités économiques et les populations, l’adaptation du secteur du bâtiment apparait désormais comme un nouvel impératif. Si la question du « comment » a déjà fait l’objet de nombreux travaux, la question du « combien » reste pour le moment peu traitée. Pour avancer en ce sens, nous présentons dans ce rapport : un premier état des lieux de ce que l’on sait dire à date des coûts de l’adaptation aux vagues de chaleur pour le secteur du bâtiment ; la méthodologie que nous avons utilisée pour chiffrer les surcoûts de l’adaptation aux vagues de chaleur, construite à partir des éléments disponibles et de discussions avec des experts.

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer