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TRIBUNE | De New York à la Nouvelle-Aquitaine : l’émergence des « GIEC » territoriaux

11 février 2019 - Tribune - Par : Dr. Vivian DEPOUES

 

 

En mars prochain, la ville de New York fêtera les 10 ans d’existence du New York City Panel on Climate Change, un panel de chercheurs de haut niveau réuni pour examiner les données scientifiques récentes sur le changement climatique et ses impacts potentiels sur la ville. Cet organisme synthétise la connaissance et formule des recommandations pour des politiques locales de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux évolutions du climat les plus pertinentes possibles.

 

Sur la base notamment des informations fournies par ce panel, New York déploie un programme de renforcement de sa résilience au changement climatique, assorti d’un budget de 20 milliards de dollars. Ce programme comprend des investissements dans de nouvelles infrastructures, l’amélioration d’infrastructures existantes, mais aussi la définition de bonnes pratiques d’aménagement et de construction.

 

Pionnière, New York n’est toutefois pas la seule collectivité à expérimenter de nouvelles formes d’interactions entre scientifiques et décideurs sur le climat. Partout dans le monde des « GIEC locaux » – c’est-à-dire des groupes de scientifiques chargés d’évaluer l’état de la connaissance sur les changements climatiques – émergent pour faciliter l’appropriation territoriale des enjeux climatiques.

 

 

Adapter la réflexion aux spécificités du territoire

 

En France, le collectif AcclimaTerra (comité scientifique régional sur le changement climatique) a publié en juin dernier le rapport « Anticiper les changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine. Pour agir dans les territoires ».

 

Ce groupe permanent de 21 experts scientifiques pluridisciplinaires et indépendants est mandaté par le Conseil régional depuis 2011 pour « apporter aux acteurs du territoire les connaissances nécessaires à leur stratégie d’adaptation au changement climatique ».

 

Sous la direction du climatologue Hervé Le Treut, le rapport décrit par domaine, à partir de la littérature scientifique existante, les leviers de l’adaptation territoriale en prenant en compte les spécificités de la nouvelle région : sa longue façade littorale, ses marais aménagés par l’homme, ses paysages de moyenne montagne et ses systèmes agricoles et viticoles.

 

Des recommandations sont formulées pour les différents types de milieux : urbains, milieux humides, forêts, montagnes et littoraux mais aussi pour les activités économiques associées, à savoir l’agriculture, la pêche et la conchyliculture et la gestion de la ressource en eau. Le rapport identifie, par exemple, trois grands modes d’adaptation à combiner pour adapter l’agriculture régionale à de futurs épisodes de sécheresse : « un choix d’espèces, de variétés, de races mieux adaptées et plus résilientes face aux nouvelles conditions climatiques, une irrigation raisonnée et une évolution de la répartition spatiale des cultures ».

 

Ces travaux sont très précieux à un moment où les territoires se heurtent à des questions aussi fondamentales et complexes que la définition de la neutralité carbone ou la compréhension de leurs options d’adaptation face à des changements qui n’affecteront pas de la même manière toutes les régions.

 

 

« Adapter le rapport de la science à la décision politique »

 

Le diagnostic global du GIEC, encore confirmé en 2018, de changements déjà en cours dont les impacts seront d’autant plus importants que nous continuerons à émettre des gaz à effet de serre, doit être complété et affiné à l’échelle locale en associant les acteurs politiques, économiques et les acteurs scientifiques du territoire.

 

Pour Pascale Bosbœuf, chercheuse au Laboratoire de l’action urbaine de l’École d’urbanisme de Paris, qui étudie directement ces organismes frontières, « cela fait 30 ans que les chercheurs nous alertent sur les changements économiques et sociaux nécessaires pour endiguer le changement climatique, il est probablement temps d’adapter aussi notre rapport de la science à la décision et notre façon de produire des connaissances ».

 

Le défi est de créer les bonnes dynamiques pour aller au-delà de rapports distants ou de présentations ponctuelles entre chercheurs et décideurs locaux… 

 

 

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