COP28: It’s money time !
La COP28 de Dubaï s’ouvre dans un contexte climatique inquiétant. Pour la première fois, le seuil d’augmentation de la température de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle a été dépassé sur une journée, et un rapport publié par l’ONU cette semaine nous alerte sur le fait que les politiques actuelles placent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 2,9°C, et que les chances de maintenir l’augmentation à +1.5°C ne sont plus que de 14 %. Les résultats du premier Global Stocktake, le bilan mondial de l’action des pays depuis l’Accord de Paris, seront publiés à la COP et devraient confirmer l’urgence d’infléchir les trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre.
Plusieurs obstacles financiers vont devoir être franchis pour que cette COP débouche sur des actions concrètes. Parmi les principaux sujets mis en avant par les pays en développement, citons l’engagement de la part des pays développés établi en 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’aide pour les pays en développement, qui n’a pas encore été atteint et qui sera revu à la hausse en 2024 ; l’abondement et l’opérationnalisation du fonds de « pertes et dommages » annoncé à la COP27 ; et plus généralement, la difficile équation financière à laquelle sont confrontés les pays émergents et en développement, dont les besoins d’investissement pour le climat sont estimés autour de 3 000 milliards de dollars par an d’ici 2030 (estimation hors Chine).
Les négociations sur ces points s’annoncent ardues, mais plusieurs signaux laissent entrevoir la possibilité qu’elles ne mènent pas vers une impasse. Le premier élément prometteur est la forte mobilisation de toutes les parties prenantes : en effet, les évènements météorologiques de cette année ont renforcé la prise de conscience que le niveau actuel de réchauffement entraîne déjà des dommages humains et matériels considérables. Le deuxième élément concerne les avancées récentes autour de la refonte de l’architecture financière mondiale. L’appel pour la réforme du système financier et des banques multilatérales de développement a été un résultat important de la COP 27, et des propositions visant à réduire le déficit de financement des pays en voie de développement ont depuis été mises sur la table : recyclage des droits de tirages spéciaux émis par le FMI vers les pays qui en ont le plus besoin, mise en place de garanties pour limiter le risque de change, parmi d’autres. Enfin, le dernier élément concerne le développement, par les pays, de stratégies de financement de la transition ; citons également les quatre Just Energy Transition Partnerships qui ont été signés en Afrique du Sud, en Indonésie, au Vietnam et au Sénégal ces deux dernières années. Ces partenariats visent à lever des fonds sur une base multilatérale pour aider ces pays à sortir de leur dépendance aux énergies fossiles tout en assurant une transition juste pour leurs sociétés.
Ces éléments seront-ils suffisants pour amener des résultats à la hauteur des enjeux ? Le billet présenté dans la newsletter détaille les avancées qui pourraient faire de cette COP un succès sur ces sujets.
Une partie des équipes d’I4CE sera à la COP28, où nous avons prévu une série de side-events sur les enjeux liés au financement de transition, dont vous trouverez les détails dans la newsletter. N’hésitez pas à nous contacter si vous êtes sur place !