Congrès des Maires : alerte rouge sur les investissements verts
C’est l’histoire d’un verre à moitié vide ou à moitié plein, et d’un robinet qui risque de se fermer au pire des moments.
Du côté des bonnes nouvelles, I4CE a, dans un « Panorama des financements climat des collectivités locales » publié en septembre avec La Banque Postale, souligné l’accélération incontestable de l’action locale pour le climat. Les investissements dédiés à la rénovation des bâtiments publics, l’aménagement des pistes cyclables ou l’amélioration de l’offre de transport en commun ont augmenté de 44 % entre 2017 et 2022. Non seulement l’investissement local a bénéficié d’une conjoncture favorable, mais les élus locaux ont aussi montré leur volonté d’opérer de véritables choix tirant vers le « vert » au détriment du reste.
Mais il reste encore beaucoup à faire sur le chemin de la neutralité carbone. Au moment même où la troisième stratégie nationale bas carbone (SNBC) est (enfin !) mise en consultation, il faut rappeler combien sa mise en œuvre repose dans les faits sur une mobilisation encore plus rapide et massive des communes, départements et régions qui portent l’essentiel de l’investissement public. Avec le retard accumulé ces dernières décennies, et des objectifs de réduction de gaz à effet de serre réhaussés suite à l’Accord de Paris, c’est encore un doublement des investissement locaux pour le climat qui est attendu d’ici 2030 (+11 Md€ en moyenne annuelle 2024-2030).
Le risque est réel au contraire que le PLF 2025 entraine un coup d’arrêt. En sacrifiant des enveloppes tournées vers les projets locaux de transition, comme le Fonds Vert ou le Fonds Chaleur, le gouvernement envoie un signal très négatif sur la priorité à donner au « vert » dans les choix d’investissement. Mais plus inquiétant encore est le cocktail de mesures retenues dans le budget 2025 au nom de la contribution des collectivités à la résorption des déficits, mêlant réduction des ressources locales et alourdissements de charges, au risque d’un ajustement brutal par la contraction de l’investissement. Si officiellement le gouvernement refuse de trancher entre les deux dettes financière et écologique, il y a fort à parier que, sans inflexion notable, ce choix va se présenter aux élus locaux dans un avenir très proche.