Congrès des Maires : alerte rouge sur les investissements verts

15 novembre 2024 - Édito de la semaine - Par : François THOMAZEAU

C’est l’histoire d’un verre à moitié vide ou à moitié plein, et d’un robinet qui risque de se fermer au pire des moments.

 
Du côté des bonnes nouvelles, I4CE a, dans un « Panorama des financements climat des collectivités locales » publié en septembre avec La Banque Postale, souligné l’accélération incontestable de l’action locale pour le climat. Les investissements dédiés à la rénovation des bâtiments publics, l’aménagement des pistes cyclables ou l’amélioration de l’offre de transport en commun ont augmenté de 44 % entre 2017 et 2022. Non seulement l’investissement local a bénéficié d’une conjoncture favorable, mais les élus locaux ont aussi montré leur volonté d’opérer de véritables choix tirant vers le « vert » au détriment du reste.

 

Mais il reste encore beaucoup à faire sur le chemin de la neutralité carbone. Au moment même où la troisième stratégie nationale bas carbone (SNBC) est (enfin !) mise en consultation, il faut rappeler combien sa mise en œuvre repose dans les faits sur une mobilisation encore plus rapide et massive des communes, départements et régions qui portent l’essentiel de l’investissement public. Avec le retard accumulé ces dernières décennies, et des objectifs de réduction de gaz à effet de serre réhaussés suite à l’Accord de Paris, c’est encore un doublement des investissement locaux pour le climat qui est attendu d’ici 2030 (+11 Md€ en moyenne annuelle 2024-2030).

Le risque est réel au contraire que le PLF 2025 entraine un coup d’arrêt. En sacrifiant des enveloppes tournées vers les projets locaux de transition, comme le Fonds Vert ou le Fonds Chaleur, le gouvernement envoie un signal très négatif sur la priorité à donner au « vert » dans les choix d’investissement. Mais plus inquiétant encore est le cocktail de mesures retenues dans le budget 2025 au nom de la contribution des collectivités à la résorption des déficits, mêlant réduction des ressources locales et alourdissements de charges, au risque d’un ajustement brutal par la contraction de l’investissement. Si officiellement le gouvernement refuse de trancher entre les deux dettes financière et écologique, il y a fort à parier que, sans inflexion notable, ce choix va se présenter aux élus locaux dans un avenir très proche.

 

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Pour aller plus loin
  • 13/02/2025 Tribune
    Action climatique locale : un nouveau-né et deux chantiers en suspens

    C’est un débat de longue haleine qui s’est soldé dans l’opacité des dernières heures de discussions du projet de loi de finances pour 2025, entre le Sénat et la Commission Mixte Paritaire avec l’apparition d’un nouvel instrument budgétaire à destination des collectivités territoriales, le « Fonds Territorial Climat ». Alors qu’une large part des dépenses publiques pour le climat repose sur les échelons locaux, le débat sur le partage de la facture entre le national et le local reste non résolu, et a été passé sous silence ces derniers mois dans le contexte de recherches d’économies budgétaires tous azimuts.

  • 11/02/2025 Billet d'analyse
    Anticiper le financement de la transition climat : un outil au service des collectivités

    Les collectivités ont un rôle de premier ordre à jouer dans la planification écologique. Acteurs majeurs de l’investissement public en France, elles disposent de compétences structurantes pour accélérer la transition comme le développement des transports collectifs ou la rénovation énergétique de leur patrimoine. D’après I4CE, elles doivent doubler leurs investissements pour la décarbonation d’ici 2030, et ce sans compter d’éventuels coûts liés à l’adaptation. Cet effort, considérable, reposera sur les prochains exécutifs locaux élus en 2026 et sera déterminant pour atteindre la neutralité carbone. Pour les aider dans cette tâche, I4CE, en co-construction avec une dizaine de villes et intercommunalités volontaires, propose d’ajouter un nouvel instrument dans la boite à outils des décideurs territoriaux : celui des « PPI aligné climat ». De quoi s’agit-il exactement ?

  • 19/07/2024
    Top départ pour la nouvelle législature

    Ni la campagne législative ni ses résultats n’auront permis de clarifier l’avenir de la planification écologique et d’arbitrer un chemin à suivre. Les enquêtes prouvent que l’opinion soutient très largement la finalité de l’action climatique mais les clivages s’accentuent sur les voies et moyens. La vision caricaturale d’une « écologie punitive » ne fera que prospérer tant que le débat sur le partage de l’effort n’est pas résolu dans une perspective d’équité et d’adhésion large des Français. Dans le contexte institutionnel que nous connaissons, la suite dépendra beaucoup des initiatives des parlementaires. 
    Dans cette dernière newsletter avant la trêve estivale, à l’heure où la nouvelle Assemblée se réunit pour la première fois, [i4ce] vous propose de faire le point sur les prochains sujets que les parlementaires auront à traiter et de relire nos dernières études associées. 

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