Climat : les dernières données sur les financements des banques multilatérales de développement
Selon les données publiées hier sur le site EnergyPolicyTracker.org – dont I4CE est partenaire – et un nouveau briefing de Big Shift Global, les neuf principales banques multilatérales de développement auraient fourni au moins 12 milliards de dollars à des projets d’énergies propres et 3 milliards de dollars à des énergies fossiles depuis le début de la pandémie. 2020 est la première année où il pourrait n’y avoir aucun financement de projet charbonnier, même si la transparence des banques sur leurs flux de financements est incomplète.
Les banques multilatérales de développement qui sont incluses dans l’Energy Policy Tracker et l’analyse de Big Shift Global sont : le Groupe de la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, la Banque asiatique de développement, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque islamique de développement, la Banque interaméricaine de développement, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, la Banque africaine de développement et la Nouvelle banque de développement.
En 2018-2020, leurs dépenses globales de financement de projets d’énergies fossiles ont diminué de 40 % par rapport à la période 2015-2017. Cette évolution va dans le bon sens et reflète la mise en œuvre de politiques d’exclusion des banques concernant le charbon et des domaines spécifiques du pétrole et du gaz. Mais la baisse observée en 2020 s’explique aussi en partie par la pandémie qui a réduit le nombre d’autorisations accordées à de grands projets pétroliers et gaziers.
En 2020, les neuf banques multilatérales de développement ont fourni au total au moins 3 milliards de dollars de soutien aux énergies fossiles, un chiffre qui va à l’encontre des nombreuses déclarations de soutien des banques à une relance verte et à une transition vers une économie bas carbone.
Le gaz a représenté plus de 75 % de l’aide recensée des banques multilatérales de développement en faveur des énergies fossiles en 2020 et au cours des deux années précédentes, ce qui en fait un enjeu-clé pour les banques. D’après les données disponibles, 2020 pourrait être la première année où les neuf principales banques multilatérales de développement n’ont pas apporté de financements à des projets charbonniers. La Banque Islamique de Développement ayant suspendu ses rapports sur ses financements de projets, les données disponibles publiquement pourraient malheureusement être incomplètes.
Ces données ont été publiées en amont du Sommet mondial sur le climat et le développement organisé par le Royaume-Uni et des réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Alors que le Royaume-Uni, l’Union européenne et les États-Unis s’apprêtent à mettre fin à l’octroi de financements publics internationaux en faveur des énergies fossiles, la pression monte sur les banques de développement pour qu’elles fassent de même. Deux lettres appelant le Groupe Banque mondiale à s’engager à mettre fin à toutes les formes de soutien aux énergies fossiles à l’occasion de ses réunions de printemps de 2021 ont été récemment publiées : l’une de ces lettres émane de neuf administrateurs de la Banque mondiale tandis que l’autre émane de plus de 150 organisations de la société civile et universitaires.
Energy Policy Tracker
Le site EnergyPolicyTracker.org fournit des données en temps réel sur les financements publics à destination du secteur de l’énergie dans le monde. Le site est régulièrement mis à jour pour refléter les engagements actuels en matière de politique climatique et énergétique de 31 grandes économies mondiales et de 9 banques multilatérales de développement. Vous pouvez recevoir des mises à jour régulières en vous inscrivant ici. Les données sont fournies par un consortium de 23 organisations à travers le monde dont I4CE.
L’Energy Policy Tracker classe les politiques en fonction du type d’énergie qu’elles soutiennent (énergies fossiles, énergies propres ou autres), et évalue si elles ont été approuvées avec ou sans conditions environnementales. La base de données ne classe pas les politiques en fonction de l’impact environnemental des mesures de relance. Il peut y avoir des différences dans les résultats des analyses fournies par l’Energy Policy Tracker et d’autres trackers portant sur la verdeur des plans de relance en raison de la diversité des approches méthodologiques. De plus amples informations sur la méthodologie de l’Energy Policy Tracker sont disponibles sur la page projet.
La coalition mondiale Big Shift
La Coalition mondiale Big Shift est composée de plus de quarante organisations de la société civile du monde entier qui demandent la fin des financements publics pour les énergies fossiles, et le passage à l’investissement dans les énergies durables et renouvelables afin de permettre l’accès à l’énergie pour tous. La liste complète des membres est disponible ici.
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