Les banques publiques de développement sous le feu des projecteurs
La fin de l’année est toujours une période chargée dans le monde de la finance climat. Les événements internationaux se multiplient pour faire le point sur les dernières avancées dans la mise en œuvre de l’accord de Paris, et pour identifier les prochaines étapes que la communauté internationale doit franchir. Le point culminant de ces événements est sans aucun doute la COP, qui débutera la semaine prochaine à Charm el-Cheikh, en Égypte. Mais avant elles, se sont déjà tenues la Climate Week de New York, les réunions internationales de la Banque mondiale et du FMI ou encore le sommet Finance en commun.
Les banques publiques de développement (BPD) sont sous le feu des projecteurs, et c’est légitime. En effet, on a beaucoup parlé ces derniers temps – pas toujours de manière positive – de leur exemplarité et de leur impact sur l’économie réelle, notamment lorsque le président de la Banque mondiale a publiquement émis des doutes sur les fondements scientifiques du changement climatique. Les BPD continuent de concentrer une grande partie des attentes de la communauté internationale pour rendre les flux financiers compatibles avec une trajectoire de décarbonation profonde et un développement résilient au changement climatique. En d’autres termes : pour les aligner avec l’Accord de Paris. Les banques publiques internationales ne sont plus les seules concernées. Désormais, les banques publiques locales sont également au centre de l’attention parce qu’elles sont particulièrement bien placées pour contribuer au dialogue avec les autorités nationales et placer l’agenda climatique en tête des priorités.
Cette année, plus que jamais, nous voyons s’unir les BPD. Deux ans après s’être engagées conjointement à aligner leurs activités sur les objectifs de l’Accord de Paris, les membres de Finance in Common (plus de 520 BPD) ont réaffirmé leur engagement en faveur du climat en consacrant le sommet 2022 à « l’accélération des transitions vertes et justes pour une relance durable ». Et ce malgré la crise énergétique mondiale. Cet objectif ambitieux nécessitera un changement de paradigme – comme l’affirme Sarah Bendahou dans son billet d’analyse à lire dans cette newsletter – pour passer d’une logique de réduction des émissions de GES des portefeuilles des BPD à une logique plus globale d’impact sur l’économie réelle. Plusieurs approches sont déjà en train d’être testées par les BPD et nous devrions bientôt pouvoir en tirer des leçons.
Les actionnaires des BPD auront un rôle décisif à jouer pour leur donner les moyens d’accroître leur impact et d’apporter des solutions transformationnelles pour le climat. Des mandats clarifiés, un soutien financier renforcé et des exigences révisées sont autant de pistes à explorer pour encourager les BPD à prendre plus de risques pour financer efficacement la transition. Certaines de ces pistes sont d’ailleurs détaillées dans le rapport publié cet été par un panel d’expert indépendant chargé d’examiner les Banques multilatérales de développement et l’adéquation de leurs fonds propres. La semaine dernière, dix des principaux actionnaires de la Banque mondiale ont annoncé leur intention de réformer l’institution pour mieux répondre aux défis et aux besoins d’investissement d’aujourd’hui. Cette annonce était très attendue, non seulement en raison de la récente polémique autour du président de la Banque mondiale, mais surtout parce que de plus en plus de voix s’élèvent pour pointer les incohérences entre le rôle clé de la Banque dans le financement du climat et ses engagements réels, en ce qui concerne les énergies fossiles par exemple.