Après Bakou, le défi du financement reste entier

6 décembre 2024 - Édito de la semaine - Par : Dr. Sébastien POSTIC

La COP29 de Bakou devait donner un nouveau souffle à la coopération Nord-Sud à travers la négociation d’un nouvel objectif de financement, ou NCQG. À l’issue de négociations conflictuelles, elle livre un accord en demi-teinte, et la lourde tâche de mobiliser les ressources manquantes d’ici la prochaine COP.  

 

Le nouvel objectif (300 milliards de dollars d’ici 2035, contre 100 auparavant) représente, une fois l’inflation déduite, un ralentissement de la croissance des flux de financements par rapport à la tendance actuelle. Il est aussi sans commune mesure avec l’estimation des besoins – 1 300 milliards de dollars de financements externes, publics comme privés – qui a guidé les négociations. 

 

La « feuille de route de Bakou à Belém », ajoutée in extremis à l’accord, vise à réduire cet écart d’ici la COP30, mais son mandat est encore flou, ses options limitées, et la marche est très haute.

 

Le périmètre des contributions comptabilisables (publiques, et privées catalysées par le public), point central des discussions, n’a finalement pas évolué, pas plus que les contributeurs obligés. Les banques multilatérales de développement apparaissent de plus en plus comme le canal privilégié pour ces financements : elles se sont engagées à Bakou à fournir et catalyser des financements représentant plus de 60 % du nouvel objectif, dès 2030. Cela leur impose d’évoluer pour dépenser plus, et mieux, comme l’a mis en avant une récente contribution conjointe de plusieurs coalitions financières, dont l’Initiative Mainstreaming soutenue par I4CE.

 

Au-delà des postures politiques, les discussions ont été compliquées par l’incertitude entourant les estimations de besoins disponibles, fragilisées par d’importantes limitations des données nationales sous-jacentes.

 

Dans ce contexte, I4CE soutient l’émergence de plans de financement nationaux appuyés sur des évaluations de besoins d’investissements détaillées et sectorielles. Ces plans sont nécessaires pour mobiliser les financements privés, informer les discussions internationales, et articuler soutien des bailleurs et action nationale. La revue de 10 pays que nous publions cette semaine montre que, même si la qualité des objectifs de long terme s’améliore notablement et les enjeux de financement commencent à y figurer, les recensements détaillés de besoins de financement font encore cruellement défaut, surtout à court terme.

 

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