Agriculture : la stratégie du consom’acteur atteint ses limites
Il n’y aura pas d’agriculture durable ni de bonne santé nutritionnelle sans changement des régimes alimentaires. C’est à la fois une certitude et un défi d’ampleur. Or, la stratégie implicite ou explicite des décideurs publics français pour mener à bien cette transition alimentaire repose sur le pari du consommateur responsable, ou « consom’acteur », et cette stratégie ne produit pas les résultats escomptés. On observe certes quelques évolutions positives, mais on ne peut que constater que la consommation de viande ne baisse plus depuis près de 10 ans ou que les recommandations nutritionnelles restent lettre morte. Alors même qu’une majorité de Français déclare avoir réduit sa consommation de viande. Et qu’une majorité encore plus écrasante estime ses pratiques alimentaires exemplaires du point de vue de l’environnement.
La stratégie du consom’acteur atteint donc ses limites car elle repose sur une vision trop simplifiée de la société et des changements de modes de vie. Compter sur la responsabilité individuelle et un léger accompagnement par des politiques publiques ne suffira pas. Les décideurs publics doivent au contraire agir beaucoup plus fortement sur l’environnement alimentaire pour faire advenir la transition. Il ne s’agit pas en cela de dicter de nouvelles habitudes alimentaires ou de restreindre les libertés individuelles des citoyens, mais de viser les principaux acteurs qui façonnent les pratiques alimentaires, à savoir les acteurs de l’industrie agro-alimentaire et de la distribution.