Agriculture, crises, transition : sortir de l’impasse par un débat constructif
Le Salon de l’agriculture s’ouvre dans quelques semaines à Paris, après plus d’un an de hautes tensions, et à l’issue d’élections des Chambres d’agriculture, elles aussi tendues. Pour tenter d’apaiser la colère agricole, puis pour alléger le déficit public, gouvernements et parlementaires ont pris ou proposé des mesures dans l’urgence. Encore récemment, certaines de ces mesures ont remis en question les ambitions environnementales, sans pour autant répondre aux demandes d’une majorité d’agriculteurs pour des revenus rémunérateurs et des relations commerciales plus justes. C’est le cas par exemple des projets de coupes budgétaires dans les mesures de planification écologique, nées du budget 2024.
Renoncer à la transition écologique est encore trop souvent présenté comme une solution pour répondre aux difficultés des agriculteurs. Ce n’est évidemment pas le cas. Notamment parce que la productivité agricole, et donc la souveraineté alimentaire, dépendent d’un environnement et d’un climat fonctionnels. Mais les agriculteurs ont évidemment besoin de moyens pour changer leurs pratiques. Il est donc plus que temps de poser les bases d’un débat apaisé permettant d’identifier les conditions et les mesures d’accompagnement des filières indispensables aux transitions climatique et écologique.
Il faut le reconnaître, ce débat est particulièrement complexe, mais indispensable. Il implique entre autres de questionner profondément les choix actuels de ventilation des près de 54 milliards d’euros de soutiens publics aux filières agricoles et alimentaires. Il implique également de concevoir des politiques publiques visant à ajuster la demande alimentaire avec les nécessaires évolutions de la production agricole. Sur le premier point, I4CE a esquissé des pistes dans une publication parue en septembre 2024 à lire ou à relire. Sur le second, I4CE et l’IDDRI ont publié le 3 février un scénario inédit de transition des régimes alimentaires des ménages.