Adaptation aux impacts du changement climatique : faire du neuf avec du mieux

31 janvier 2025 - Édito de la semaine - Par : François THOMAZEAU

À quelques jours du vote au Parlement du PLF 2025 version « Bayrou », il est désormais acquis que la mise en œuvre des premières mesures prévues par le troisième Plan national d’adaptation (PNACC3) se fera en grande partie à moyens constants. Pour de toutes premières étapes cela n’empêchera pas d’avancer même si nous n’échapperons pas à l’avenir à un débat sur les besoins de moyens supplémentaires pour l’adaptation. Il y aura des arbitrages à faire au cas par cas, secteur par secteur, territoire par territoire sur ce que l’on souhaite conserver – par exemple un certain niveau de service dans les transports, la protection d’un pan de littoral – ou ce que l’on est prêt à transformer. 

 

Mais avant de décider où et comment dépenser plus, commençons par dépenser mieux sur tous les nouveaux projets. Encore aujourd’hui, une très vaste majorité d’investissements publics sont conduits avec l’hypothèse implicite d’une stabilité du climat : du point de vue des citoyens, le risque est celui de conséquences lourdes pour la continuité du service public ou la sécurité des populations du fait d’infrastructures moins robustes ; du point de vue économique ce sont autant de dépenses potentiellement inefficaces puisqu’elles entraineront des coûts plus importants plus tard, soit en réparation à la suite de dommages climatiques, soit parce que les travaux d’adaptation auront été conduits tardivement à un coût plus élevé.  

 

L’analyse que nous publions cette semaine présente 5 pistes concrètes pour mieux prendre en compte l’adaptation dans des investissements qui sont déjà prévus, et ce dès 2025 : intégrer des critères de confort d’été dans les aides de MaPrimeRenov’ ou du Fonds Vert ; mettre l’adaptation au cœur des opérations de renouvellement urbain ou des projets de rénovation de l’immobilier de l’Etat ; intégrer le sujet dans les contrats d’objectifs des gestionnaires de réseau de transport. Ensemble, les leviers identifiés pourraient permettre d’adapter jusqu’à 25 milliards d’euros d’investissement annuels existants avant de généraliser ce « réflexe adaptation » à tous les investissements publics concernés.  

 

En matière d’adaptation il faudra faire plus ET mieux, commençons déjà par faire mieux.

 

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Pour aller plus loin
  • 11/12/2024 Billet d'analyse
    Le point dur du PNACC3 : la question des moyens

    Le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3), fruit de deux ans de travaux préparatoires, est enfin en consultation. Ce document propose une vision relativement complète des défis que pose l’adaptation, de l’état des actions en cours et des pistes d’actions complémentaires. Il ancre notamment une idée centrale : celle de faire de la TRACC la référence commune pour toutes les démarches d’adaptation au changement climatique : elle doit permettre d’instaurer un « réflexe adaptation » dans toutes les politiques et tous les investissements sensibles au changement climatique (cf. le cahier d’acteur I4CE pour notre analyse de cette dynamique). En revanche, ce projet de PNACC reste relativement succinct sur le volet économique : il ne contient ni vision d’ensemble des moyens actuellement engagés pour l’adaptation ni de vrai budget associé aux mesures. Pourtant nos travaux récents montrent que si les montants de l’adaptation dépendront avant tout des choix collectifs qui restent à faire, des moyens sont d’ores et déjà nécessaires pour (1) accompagner les différents acteurs (administrations, collectivités, entreprises, ménages) dans leurs démarches et (2) prendre en charge les premiers besoins déjà exprimés notamment en matière de prévention des risques. Deux points sur lesquels le PNACC ne répond que très partiellement et sur lesquels nous revenons dans ce billet.

  • 06/11/2024 Tribune
    Adaptation au changement climatique : les décisions difficiles restent devant nous

    Le gouvernement a mis en consultation son plan national d’adaptation au changement climatique. Celui-ci constitue une avancée notable car il entérine la nécessité de réfléchir en tenant compte des évolutions possibles du climat. Cela n’empêche pas les décisions difficiles à prendre. Les inondations dans le Var qui ont nécessité l’intervention de l’armée. Les inondations meurtrières en Espagne . Ces événements tragiques, et leur coût humain et économique, nous rappellent que nous ne sommes pas prêts à faire face au climat qui change. Nos territoires, nos infrastructures, nos bâtiments ne sont pas prêts. Pas plus en France qu’en Espagne, ou ailleurs en Europe.

  • 03/10/2024 Tribune
    Anticiper les coûts de l’adaptation

    La nouvelle ministre de l’écologie porte dans son titre la «prévention des risques». Ce n’est pas une mission inédite de ce ministère et même l’une de celles pour lesquelles un de ses prédécesseurs, aujourd’hui Premier ministre, a laissé sa signature avec le fameux fonds de prévention des risques naturels majeurs dit « fonds Barnier ». Mais dans un contexte de changement climatique, on a envie de croire qu’il ne s’agit plus uniquement de gérer les risques que l’on a toujours connus mais bien de s’adapter au nouveau contexte climatique. Agnès Pannier-Runacher a d’ailleurs trouvé sur son bureau un projet de Plan national d’adaptation (le PNACC3) prêt à être mis en consultation.

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