Plan national d’adaptation : une ambition, des financements sous tension

La version définitive du 3ème Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3) a enfin été présentée lundi dernier par la ministre de la Transition écologique, Agnès Panier-Runacher. La principale avancée, entérinée après la phase de consultation publique à laquelle I4CE avait contribué, est la confirmation que la Trajectoire de réchauffement de référence (TRACC) ne restera pas un document informatif et sera dotée d’une réelle valeur juridique ce qui est une excellente nouvelle pour concrétiser vraiment un « réflexe adaptation ».

 

On y voit aussi un peu plus clair sur les moyens financiers publics consacrés à l’adaptation avec quelques budgets confirmés à la hausse (ex. le Fonds Barnier), des enveloppes préservées (ex. la part adaptation du Fonds Vert) et une meilleure identification de certains budgets existants dont les cobénéfices en matière d’adaptation sont importants, à l’image des 1 milliard d’euros dédiés à la gestion quantitative de la ressource par les Agences de l’eau. En creux, on lit aussi les manques : là où l’effort reste trop modeste (à peine 30 M€ pour la prévention du retrait-gonflement des argiles, une « Mission adaptation » à moyens constants) et là où les arbitrages sont renvoyés au prochain Projet de loi de finances, par exemple sur l’adaptation du littoral. Nous publierons dans les prochains mois une vision consolidée de tous les moyens actuellement consacrés à l’adaptation en France, du type d’adaptation qu’ils soutiennent et de l’écart avec les besoins documentés.

 

Mais la ministre l’a rappelé, la question ne pourra pas seulement être celle de la mobilisation de subventions publiques. En annonçant la constitution d’une mission d’inspection sur le financement bancaire de l’adaptation et la poursuite du dialogue avec les assureurs pour mieux les mobiliser sur le financement de la prévention, la ministre invite notamment les acteurs financiers privés à se tourner vers le sujet. C’est justement ce que nous avons commencé à étudier en nous concentrant sur un des secteurs les plus cités et probablement les plus mûrs du PNACC3 : le bâtiment. Le rapport que nous publions cette semaine est une première brique d’état des lieux qui invite à ne pas parler des banques et des assurances comme des acteurs providentiels de l’adaptation mais à considérer là où elles en sont aujourd’hui et quels rôles elles peuvent jouer aux côtés des autres parties prenantes.

 

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Pour aller plus loin
  • 31/01/2025
    Adaptation aux impacts du changement climatique : faire du neuf avec du mieux

    À quelques jours du vote au Parlement du PLF 2025 version « Bayrou », il est désormais acquis que la mise en œuvre des premières mesures prévues par le troisième Plan national d’adaptation (PNACC3) se fera en grande partie à moyens constants. Pour de toutes premières étapes cela n’empêchera pas d’avancer même si nous n’échapperons pas à l’avenir à un débat sur les besoins de moyens supplémentaires pour l’adaptation. Il y aura des arbitrages à faire au cas par cas, secteur par secteur, territoire par territoire sur ce que l’on souhaite conserver – par exemple un certain niveau de service dans les transports, la protection d’un pan de littoral – ou ce que l’on est prêt à transformer. 

  • 11/12/2024 Billet d'analyse
    Le point dur du PNACC3 : la question des moyens

    Le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3), fruit de deux ans de travaux préparatoires, est enfin en consultation. Ce document propose une vision relativement complète des défis que pose l’adaptation, de l’état des actions en cours et des pistes d’actions complémentaires. Il ancre notamment une idée centrale : celle de faire de la TRACC la référence commune pour toutes les démarches d’adaptation au changement climatique : elle doit permettre d’instaurer un « réflexe adaptation » dans toutes les politiques et tous les investissements sensibles au changement climatique (cf. le cahier d’acteur I4CE pour notre analyse de cette dynamique). En revanche, ce projet de PNACC reste relativement succinct sur le volet économique : il ne contient ni vision d’ensemble des moyens actuellement engagés pour l’adaptation ni de vrai budget associé aux mesures. Pourtant nos travaux récents montrent que si les montants de l’adaptation dépendront avant tout des choix collectifs qui restent à faire, des moyens sont d’ores et déjà nécessaires pour (1) accompagner les différents acteurs (administrations, collectivités, entreprises, ménages) dans leurs démarches et (2) prendre en charge les premiers besoins déjà exprimés notamment en matière de prévention des risques. Deux points sur lesquels le PNACC ne répond que très partiellement et sur lesquels nous revenons dans ce billet.

  • 06/11/2024 Tribune
    Adaptation au changement climatique : les décisions difficiles restent devant nous

    Le gouvernement a mis en consultation son plan national d’adaptation au changement climatique. Celui-ci constitue une avancée notable car il entérine la nécessité de réfléchir en tenant compte des évolutions possibles du climat. Cela n’empêche pas les décisions difficiles à prendre. Les inondations dans le Var qui ont nécessité l’intervention de l’armée. Les inondations meurtrières en Espagne . Ces événements tragiques, et leur coût humain et économique, nous rappellent que nous ne sommes pas prêts à faire face au climat qui change. Nos territoires, nos infrastructures, nos bâtiments ne sont pas prêts. Pas plus en France qu’en Espagne, ou ailleurs en Europe.

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