Coupes budgétaires : le retour de la fin du monde contre la fin du mois
Le vent a tourné. Après avoir annoncé 10 milliards de plus pour financer sa planification écologique dès 2024, le gouvernement a réalisé en urgence plusieurs coupes budgétaires pour contenir le déficit public de la France, à commencer par le budget de la rénovation énergétique et le Fonds Vert dédié aux collectivités. La tension entre la réduction du déficit public et le financement de la transition écologique est là pour durer, alors même que la France va devoir rénover toujours plus de bâtiments publics et de logements privés, construire toujours plus de RER métropolitains, aider toujours plus les agriculteurs à faire leur transition, s’adapter toujours plus aux conséquences du réchauffement climatique… C’est le retour de la fin du monde contre la fin du mois.
Pour tenter de résoudre cette équation, le gouvernement s’est lancé dans l’élaboration de sa stratégie pluriannuelle de financement de la transition écologique. Sa première mouture est attendue d’ici l’automne. C’est un exercice vertueux, à deux conditions. La première : admettre qu’on ne rase pas gratis. Pour modérer le besoin d’argent public, il est certes possible d’engager davantage de financements privés, ceux des ménages et des entreprises, mais cela impose de renforcer la réglementation ou la fiscalité incitative. Ce qui n’a rien de facile comme le montre le débat en cours au Parlement sur la réglementation des flottes de véhicules d’entreprises. Cette réglementation permettrait sans argent public de mettre plus de véhicules électriques en circulation et de nourrir progressivement le marché de l’occasion pour les classes moyennes. Son adoption ne va pour autant pas de soi.
Seconde condition : la future stratégie de financement devra être sincère. Si l’État, et les collectivités, n’ont pas les moyens nécessaires pour mettre en œuvre la planification, alors mieux vaut l’assumer plutôt que d’essayer de se convaincre – de nous convaincre – que la France a un plan de financement crédible. Mieux vaut admettre qu’il y a des objectifs de la planification particulièrement délicats à financer, comme la rénovation massive des bâtiments publics. Mieux vaut assumer que cette première stratégie est encore incomplète, et se remettre au travail pour l’année prochaine.