Cadre de certification européen : le diable se cache dans les détails
Quelques jours après l’aboutissement des négociations sur le Cadre de certification de l’Union européenne relatif aux absorptions de carbone (CRCF), I4CE a contribué à l’organisation du European Carbon Farming Summit à Valencia, dans le cadre du projet CREDIBLE. La forte participation des parties prenantes à ce sommet témoigne des attentes pour mieux valoriser les pratiques agricoles et forestières bas carbone grâce à ce nouvel outil.
On retient du sommet de grands espoirs sur l’amélioration et l’harmonisation de la mesure du carbone pour certifier les projets, grâce à la télédétection notamment, dans un secteur où les incertitudes sont importantes.
S’il est primordial d’améliorer la mesure et le suivi, l’incertitude ne doit pas justifier l’inaction et il s’agit avant tout de trouver un arbitrage pertinent entre coût et précision. Le Label Bas Carbone français offre un exemple en la matière, et I4CE poursuit les travaux sur le sujet via le projet INFORMA. L’articulation du CRCF avec les standards existants a également été amplement discutée, dans une session coanimée par I4CE : la création d’un cadre européen et l’harmonisation des critères de qualité est largement saluée, mais comment donner de la visibilité et des garanties aux acteurs déjà engagés dans un label existant ?
Les acteurs s’accordent également sur le besoin de mobiliser à la fois les financements publics et privés, et insistent sur le rôle clé de l’aval des filières agricoles et forestières. Or, ces financements ne pourront se débloquer qu’à certaines conditions : la confiance dans la qualité des projets et la clarification des revendications. C’est ce dernier point qui bloque aujourd’hui de nombreux financements privés en France. Enfin, toutes les options concernant l’usage des certificats restent ouvertes : compensation volontaire, fonds publics, lien avec un futur système d’échange de quotas agricoles… Ce qui ne facilite pas l’aboutissement des débats techniques sur les critères de qualité des projets : doit-on par exemple tolérer le même niveau d’effet d’aubaine pour tous les usages des certificats ? Plus largement, cela pose la question de la place qu’on veut donner aux outils de certification au sein des différentes politiques publiques agricoles et forestières. Ce sera au programme des travaux d’I4CE et des prochains rendez-vous européens !