Money, money, money : Stratégies de financement de la transition climatique
La France devrait publier en milieu d’année sa première stratégie pluriannuelle de financement annuel de la transition écologique. Que de chemin parcouru depuis la première Stratégie nationale bas-carbone en 2015 qui n’abordait que très peu les aspects de financement ! Et c’est une bonne nouvelle. À I4CE, nous pensons que de tels plans sont essentiels pour soutenir la transition climatique. Des objectifs de dépenses publiques crédibles et pluriannuels permettent d’embarquer le secteur privé et les financeurs de l’action publique (détenteurs de la dette, bailleurs internationaux, contribuables) dans la transition, et de réorienter les flux financiers comme l’exige l’Accord de Paris. Les plans de financement globaux évitent également les approches simplistes fondées exclusivement sur l’évaluation de projets au cas par cas sur la base d’approches coûts-bénéfices utiles mais limitées, qui peuvent in fine entraîner des coûts supplémentaires importants.
Nous pensons également que c’est le bon moment pour faire émerger de tels plans.
Au-delà de la France, les discussions internationales s’orientent désormais elles-aussi vers les aspects financiers de la transition. Simon Stiell, de l’ONU, a rappelé la semaine dernière que 2 400 milliards de dollars sont nécessaires chaque année, dès maintenant, pour financer l’action climatique dans les pays du Sud (hors Chine). La refonte de l’architecture financière mondiale, initiée en 2022, est en cours, tout comme la renégociation de l’objectif d’aide climatique des pays développés vers les pays en développement, actuellement à 100 milliards de dollars par an. Pour livrer des avancées significatives, ces deux processus devront s’appuyer sur des informations tangibles concernant les besoins et priorités des pays bénéficiaires. Le Brésil, qui accueille le G20 cette année et accueillera la COP30 l’année prochaine, a fait du financement de l’action climatique l’une de ses priorités. Au niveau de l’UE, des signaux politiques ambitieux comme la réduction de 90 % des émissions d’ici à 2040 manquent de crédibilité, faute d’un soutien financier prévisible pour les cinq à dix prochaines années. Le plan NextGenerationEU, qui s’éteindra d’ici 2026, laisse un vide dans le financement climatique de l’UE. L’approche actuelle par fonds n’a pas la cohérence globale nécessaire pour apporter une véritable réponse à l’Inflation Reduction Act des États-Unis. Au niveau des collectivités locales françaises aussi, le contexte est propice à l’élaboration de plans de financement à moyen terme intégrant l’action climatique. I4CE a proposé un chiffrage des besoins en investissements des collectivités territoriales pour le climat : environ 12 milliards d’euros par an. Soit un tiers du déficit d’investissement climat français total, et un doublement du rythme d’investissement actuel. Et ce, sans tenir compte des besoins liés à l’adaptation. Après l’échelon national, le débat sur la planification écologique se porte désormais au niveau local à travers les COP régionales, toujours sous l’autorité du Premier ministre. Enfin, la France ouvre à nouveau le débat sur la décentralisation et sur les rôles, responsabilités et ressources des collectivités locales. La planification écologique locale est l’un des thèmes incontournables de cette discussion.
En 2024 et 2025, I4CE continuera à soutenir l’émergence et le développement de stratégies pluriannuelles de financement de la transition aux niveaux international, européen, national et infranational. Cette note résume les raisons pour lesquelles nous sommes convaincus que cette approche permettra d’accélérer la mise en œuvre de la transition. Elle synthétise les travaux que nous avons accomplis jusqu’à présent pour soutenir l’élaboration et la mise en place de ces stratégies de financement. Plus important encore, elle présente ce qui nous attend.