Pensez à la maison, pas aux briques : répondre à l’Inflation Reduction Act par un plan européen d’investissement de long terme dans les technologies propres
Ce rapport est disponible uniquement en anglais
L’Union européenne a longtemps pensé qu’elle mènerait la course aux technologies propres parce qu’elle était la seule à y participer. Elle s’est trompée. La Chine a démontré sa capacité à agir de manière décisive. Le Japon, la Corée, le Canada et l’Inde sont également entrés dans la course. Et avec l’Inflation Reduction Act (IRA), les États-Unis rattrapent rapidement leur retard.
L’IRA contient un plan d’investissement de long terme pour le climat, qui prévoit un financement public important (400 à 800 milliards de dollars), une prévisibilité à long terme (10 ans), la simplicité d’un système unique au niveau fédéral et un soutien tout au long de chaînes d’approvisionnement.
L’IRA est une prise de conscience pour l’UE, où il n’existe pas encore de plan d’investissement climatique comparable. Pour se hisser au niveau de l’IRA, l’UE ne doit pas jeter ses décisions passées par-dessus bord. Bien au contraire, elle doit réaliser ce qu’elle a prévu, et plus encore.
L’UE est bien placée pour prendre la tête de la course mondiale aux technologies propres et saisir les opportunités de la transformation verte, d’une manière qui profite à l’action climatique mondiale, à la souveraineté de l’UE et à sa prospérité économique. Elle peut s’appuyer sur des investissements privés croissants dans les technologies propres, des projets d’usines de la cleantech sur l’orientation politique définie par le plan industriel pour le Pacte Vert (Green Deal Industrial Plan) présenté par la Commission européenne en février 2023.
Cette note soutient que, pour répondre à l’IRA, les décideurs politiques européens doivent penser à construire la maison, et non seulement débattre d’une brique. La meilleure réponse politique de l’UE est un plan d’investissement climatique à long terme. Comme l’appétit politique pour un tel plan est actuellement limité, la Commission européenne devrait profiter de l’élan politique autour de l’IRA et des technologies propres, pour proposer un plan d’investissement ciblé qui se concentre sur le développement, le passage à l’échelle, la fabrication et le déploiement des technologies propres dans l’UE, de la fabrication de panneaux solaires à celle de l’acier vert.
Ce plan d’investissement dans les technologies propres devrait être présenté avant l’été 2023, dans le contexte de la révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel de l’UE. S’inspirant de caractéristiques positives de l’IRA, il devrait fournir un soutien public conséquent, par le biais de programmes à l’échelle continentale, avec une prévisibilité sur le long terme et tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Trois premières briques peuvent déjà être posées pour construire cette maison :
- La finalisation et la mise en œuvre ambitieuses de l’ensemble du paquet législatif « Fit For 55 » sont essentielles pour que l’UE joue sur ses forces : des réglementations prévisibles et ambitieuses et une tarification carbone.
- Les États membres devraient accroître leur soutien aux déploiements de technologies propres, notamment par le biais de marchés publics écologiques. Le programme NextGenerationEU devrait être davantage utilisé à cet effet.
- La Commission européenne devrait créer des régimes de soutien aux technologies propres à l’échelle de l’UE en s’inspirant de certaines excellentes caractéristiques de l’IRA, telles que sa prévisibilité et sa large couverture géographique. Le lancement prévu d’un appel d’offres à l’échelle de l’UE pour soutenir la production d’hydrogène renouvelable est une étape positive, et devrait être utilisé comme pilote pour développer des programmes similaires pour d’autres technologies.
À l’aube des élections européennes de mai 2024 et au crépuscule de NextGenerationEU, un tel plan d’investissement dans les technologies propres pourrait amener l’UE à avancer vers un débat encore plus ambitieux : un plan d’investissement de long terme pour le climat. Celui-ci inclurait et irait au-delà des technologies propres, pour garantir que les investissements européens, nationaux et privés transforment tous les objectifs du Green Deal en réalité tangibles pour les entreprises, les travailleurs et les familles.