Édition 2021 du Panorama des financements climat
Forte hausse des investissements dans les véhicules bas carbone et stabilité des investissements climat dans les autres secteurs, baisse des investissements fossiles, un déficit d’investissements climat de plus de 13 milliards que les mesures de relance ne suffiront probablement pas à combler… Ce sont quelques-unes des informations que vous découvrirez dans l’édition 2021 de notre Panorama, dans lequel I4CE appelle également les pouvoirs publics à anticiper la fin du plan de relance.
Malgré un contexte de crise sanitaire en toile de fond, l’action publique a permis de préserver les investissements climat en France. Avec la relance, ces investissements devraient progresser en 2021 et 2022, mais sans combler l’écart vis-à-vis des objectifs nationaux.
Des investissements climat globalement préservés
En 2020, les ménages, les entreprises et les administrations publiques ont investi 45 milliards d’euros en faveur du climat. Les investissements climat en France ont augmenté de 10 % par rapport à 2019, mais pas dans tous les secteurs. La hausse se concentre sur les voitures électriques et hybrides rechargeables, tandis que les investissements dans la rénovation énergétique des logements, dans le réseau ferroviaire, les transports en commun ou encore la production d’énergies renouvelables sont restés stables. Ainsi, les investissements climat ont plutôt bien résisté : leur progression contraste avec le net recul des investissements totaux du pays au cours de l’année 2020 (-7,8%, selon l’INSEE).
L’année 2020 était pourtant mal engagée : le premier confinement a interrompu les chantiers du bâtiment, des infrastructures et de la production d’énergie, et les restrictions sanitaires ont menacé les revenus des porteurs de projets. Par exemple, les opérateurs de transport en commun ont vendu moins de billets et d’abonnement, les énergéticiens ont vu le prix de l’électricité baisser, et le ralentissement économique a menacé les revenus de nombreux ménages. Dans ces conditions, les porteurs de projets auraient pu être contraints de réduire leurs investissements climat.
Les mesures adoptées en urgence par les pouvoirs publics, notamment le chômage partiel, les prêts garantis par l’É
tat et la compensation des pertes de revenus des opérateurs de transport et des collectivités, ont permis aux porteurs de projets de conserver des ressources suffisantes pour investir. Et la plupart des ménages et des entreprises, estimant que le ralentissement économique serait temporaire, ont maintenu leurs programmes d’investissement.
Un déficit d’investissement que les mesures de relance ne suffiront probablement pas à combler
Même en ayant bien résisté à la crise sanitaire, les investissements climat demeurent insuffisants par rapport aux objectifs nationaux à fin 2020. Il faudrait 13 à 15 milliards d’euros d’investissements publics et privés supplémentaires, chaque année jusqu’en 2023, et environ le double jusqu’en 2028. Un montant minimum, car de nombreux secteurs, comme l’agriculture, l’industrie ou le nucléaire ne sont pas couverts, et que le nouvel objectif européen implique d’agir plus rapidement d’ici 2030, afin de réduire les émissions de GES de 55 % par rapport à leur niveau de 1990 (contre 40 % actuellement).
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Les investissements climat, soutenus notamment par les mesures du plan de relance, devraient continuer leur progression en 2021 et 2022, mais sans combler le déficit. En effet, sur la base des premiers indicateurs disponibles, des besoins subsistent, notamment dans la production d’électricité renouvelable, les véhicules utilitaires et les pistes cyclables. Et si les ménages réalisent davantage de travaux énergétiques dans leurs logements, bien peu entreprennent les rénovations globales et performantes recommandées par la Stratégie nationale bas-carbone.
Pour combler le déficit d’investissement, il parait indispensable d’accroitre les financements publics, en complément de la réglementation et de l’accompagnement des porteurs de projets. Or, les principaux financements climat du plan de relance prendront fin en 2022. Les pouvoirs publics ont intérêt à anticiper l’après-relance, en élaborant dès maintenant une « stratégie climat des finances publiques ».
Vigilance requise face à de nouvelles tensions, et au risque de rebond des investissements fossiles
Courant 2021, certains matériaux et pièces d’équipement nécessaires aux investissements climat sont devenus plus rares ou plus coûteux. C’est notamment le cas du bois et des isolants employés dans la rénovation et des semiconducteurs utilisés dans les véhicules électriques et les panneaux solaires. Si ces tensions perdurent, elles pourraient amener les porteurs de projets à reporter ou abandonner des projets
d’investissements climat.
En outre, il est difficile d’anticiper les effets de l’augmentation record du prix des principales énergies à l’automne 2021. Si des prix des énergies élevés encouragent en principe l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la hausse actuelle est peut-être trop soudaine et sa durée trop incertaine pour déclencher immédiatement de nouveaux projets, surtout si elle obère les ressources qui auraient pu servir à financer les investissements.
Enfin, si les investissements fossiles ont chuté de 32 % en 2020, notamment en raison d’un durcissement de la réglementation européenne sur les voitures neuves, la reprise économique en cours pourrait alimenter un rebond qu’il convient de surveiller de près.
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Dans cette courte vidéo de deux minutes, Maxime Ledez d’I4CE vous résume ce qu’il faut retenir de l’édition 2021 du Panorama des financements climat.